Contre Alzheimer : jouez au train électrique !

Eh oui, voilà la grande nouveauté des médecines naturos contre la dégénérescence cérébrale. Pour sauver le cerveau, il faut faire battre le cœur, et ce qui le fait battre, c’est de retourner aux émois de l’enfance, comme c’était le cas devant votre petite locomotive, les wagons illuminés et les maquettes de paysages.

Je n’ai rien contre le Märklin 00, le mien m’a passionné entre 10 et 15 ans. Faire avancer ces trains miniatures, changer les aiguilles à distance, éviter les collisions en installant des sémaphores automatiques, c’était (presque) magique.

Pour fêter mon entrée au collège, mon père m’avait promis un premier wagon (à bascule pour le gravier, je le vois encore en couleur). Je ne pensais qu’à cela. Nous étions invités chez des amis et pendant que la soirée s’échouait en creuses conversations mondaines, je ne cessais de lui glisser toutes les quelques minutes dans l’oreille : « p’tit train », comme si c’était un secret partagé entre lui et moi. Un gage d’amour, comme devraient l’être tous les cadeaux. C’est sans doute cet espoir d’amour qui m’a ensuite fait adorer mes rails et mes locomotives, comme s’ils pouvaient me transporter dans un monde de merveilles.

Je ne vais pas nier qu’un surcroît de vie émotionnelle, pêché dans l’enfance ou ailleurs, ne puisse stimuler les neurones et freiner leur dégénérescence. Mais en faire la panacée, c’est plutôt grotesque. Ce n’est pas en retombant en enfance qu’on va enrayer les processus biochimiques, autoimmuns ou autres qui font dégénérer l’organe clé de notre existence. Prêcher cela, c’est occulter l’essentiel !

Quelle peut donc être la source de désordre majeure capable de produire des désordres cellulaires ? Nos cellules sont comme nous. Elles mangent. Et si la nourriture que leur apporte le sang contient des molécules étrangères aux mécanismes naturels, il va de soi que ces molécules pourront perturber soit les chimismes cellulaires, soit le système immunitaire.

Or, il apparaît de plus en plus que la maladie d’Alzheimer est en rapport avec des anomalies moléculaires. On observe la formation, entre les neurones, de zones remplies de peptides amyloïdes (matières colloïdales comme une colle à papier). À l’intérieur des neurones se produit conjointement une accumulation de protéines (protéine Tau), directement associée à l’apparition des symptômes. Autour de ces plaques amyloïdes se développe de plus une inflammation – donc une a activation du système immunitaire – qui entraîne la mort des cellules. Une équipe française vient toutefois de publier une étude montrant que cette inflammation jouerait un rôle protecteur, au moins en début de maladie.

Et pendant ce temps, personne ne s’inquiète de la source principale de molécules anormales, administrées quotidiennement et susceptibles de provoquer ces désordres ? De toute évidence, l’alimentation devrait figurer la première au banc des accusés. Mais non. On fabrique des médicaments, aux frais du citoyen aussi longtemps que remboursés par la Sécurité Sociale. Puis on les dérembourse en constatant qu’il sont inefficaces, voire nocifs pour les malades. La médecine officielle abandonne les malades à leur triste sort. Et les naturopathes nous recommandent de jouer aux train électrique…

Mais où en est-on exactement ? Côté scientifique : il y a 111 ans qu’un certain Dr Alzheimer reconnaissait la présence de plaques séniles chez une première malade. Dans les années 1980, on identifiait une protéine bêta-amyloïde constituant ces plaques, puis une protéine anormalement phosphorylée, dite protéine Tau, s’accumulant dans les cellules et y provoquant des dégénérescences neurofibrillaires. Puis on mit l’apparition plus ou moins précoce de la maladie en rapport avec des mutations génétiques, une manière d’invoquer la fatalité…

Côté naturo, certains auteurs recommandent divers aliments protecteurs, par exemple fraises et myrtilles car des rats qui en recevaient ont montré moins de dégénérescence cérébrale avec l’âge. On préconise aussi le thé et le café, censés booster les fonctions cérébrales. Ou encore de forcer sur les épinards, soi-disant riches en vitamines C, les anti-oxydants étant censés améliorer le tableau général. On recommande aussi des compléments alimentaires, alors qu’une récente étude a démontré leur parfaite inutilité.

Et pendant que tourne tout ce carrousel et que des milliers de malades finissent leur vie dans le désastre et y entraînent leur famille, personne ne se pose la question de fond : ne serait-ce pas tout simplement l’alimentation traditionnelle, et ses crescendos contemporains, qui pollue le cerveau humain ? Cette avalanche quotidienne de molécules – qu’on sait pourtant dénaturées par la cuisson et les réactions chimiques culinaires – qui provoque ces dépôts de matières amyloïdes et de protéines neurotoxiques ?

C’est pourtant la logique élémentaire : des molécules anormales à la sortie du métabolisme font penser immédiatement à des molécules anormales qu’on y introduirait. Même si elles ressortent sous des formes différentes, sachant le nombre et la complexité des mécanismes métaboliques. Où se cachent donc les barrières cérébrales qui ferment les yeux aux chercheurs ? Comme aux nuées de naturopathes qui se contentent de conseiller tel fruit ou telle graine miraculeuse, au lieu de dénoncer le fond du problème ? C’est-à-dire une alimentation culinaire à laquelle le génome que nous avons hérité des primates – évidemment crudivores – n’a pas eu le temps de s’adapter. Sans compter la vitesse d’évolution des habitudes alimentaires liées au développement industriel.

La situation est urgente : le taux de mortalité parmi les personnes atteintes est de 100 %, un sexagénaire sur quatre en France, ou un octogénaire sur trois sont atteints, l’espérance de vie qui leur reste est d’une petite dizaine d’années, parlons plutôt d’espérance de drame pour eux-mêmes et leurs familles. Le taux d’incidence de la maladie semble doubler tous les trois ans. Il faudra bientôt qu’un dixième de la population se consacre aux soins des malades…

Refuser, face à se tableau noir, de remettre en cause fondamentalement les mœurs alimentaires tient proprement de la démence. Qu’aucun chercheur ne se soit inquiété d’un rapport entre les masses de matières amyloïdes et de protéines dénaturées que l’alimentation fondée sur les céréales et la cuisson fait ingurgiter aux populations, et la présence de molécules anormalement amyloïdes ou fibrogènes dans les cerveaux usagés tient de l’occultation voire d’un déni pathologique.

Ou alors y a-t-il une démence précoce qui mine les esprits dès le formatage universitaire, pourquoi pas dès la naissance, et qui inhibe les neurones au point que plus personne ne sait voir la réalité...