Instinctothérapie : invention ou découverte ?

On me désigne souvent comme l’inventeur de l’instinctothérapie. Je ne sais si c’est par suite d’une mauvaise compréhension des choses, ou d’un besoin d’occulter l’intérêt de ce qui est justement un ensemble de découvertes.

Je revendique en effet d’avoir découvert, ou redécouvert dans les faits d’observation une réalité essentielle, ou pour le moins d’avoir su la formuler de manière claire et distincte : que l’homme moderne est encore adapté génétiquement à une alimentation préculinaire, avec tous les corollaires qui découlent de cette proposition, notamment :

- que l’instinct alimentaire fonctionne même chez l’homme moderne avec les aliments originels, exempts de toute transformation ou dérive génétique ;

- que cet instinct s’exprime principalement par les variations de perception olfactive, gustative et proprioceptives (irritations de la bouche, sensations stomacales, déglutition etc.) ;

- que les sens sont désorganisés par les saveurs artificielles obtenues à l’aide de recettes de cuisine ou autres transformations avec pour résultat un déséquilibre permanent ;

- que cette désorganisation commence avec la sélection artificielle des cultivars ou des animaux domestiqués, dont les saveurs sont trop éloignées des saveurs originelles et peuvent conduire à de graves surcharges ;

- que la notion de gourmandise est vide de sens dans les conditions originelles, le plaisir gustatif conduisant à la couverture correcte des besoins ;

- alors qu’elle est omniprésente dès que des saveurs non naturelles permettent d’obtenir des plaisirs contraires aux besoins du corps ;

- que la consommation d’aliments transformés, garantissant le plaisir alors même qu’ils sont choisis arbitrairement, installe une position psychique paranoïde, à travers l’illusion que le désir doit nécessairement se réaliser ;

- que la diététique est une tentative de rétablir un semblant d’équilibre nutritionnel à partir de connaissances générales, établies scientifiquement ou tirées de certaines traditions ;

- que le principe même de la diététique la voue à l’échec, sachant que les besoins individuels varient d’un individu à l’autre et d’un instant à l’autre, alors qu’elle repose sur des vérités générales ;

- que le métabolisme est programmé génétiquement pour fonctionner avec les nutriments présents dans les aliments non transformés, alors que les enzymes se cassent les dents sur certaines molécules modifiées par l’effet de la préparation culinaire ou apportées par des aliments étrangers à la plage alimentaire originelle de l’homme (lait animal) ;

- que certaines de ces molécules molécules incomplètement dégradées constituent des antigènes susceptibles de désorganiser le système immunitaire, donc de compromettre la santé à différents niveaux, en particulier :

- une tendance inflammatoire exagérée provoquant des réactions douloureuses en cas de blessure, de fracture, ou des douleurs inexpliquées comme les catarrhes, la migraine, des montées exagérées en température, voire des éruptions qui resteraient normalement silencieuses ;

- une hyperstimulation des mécanismes immunitaires provoquant des réactions allergiques, des maladies auto-immunes, un vieillissement prématuré des organes vittaux, des articulations, de la peau, des follicules pileux, etc. ;

- des tolérances immunitaires (le système immunitaire submergé finit par faire la grève), d’où l’incapacité de reconnaître et éliminer certaines cellules anormales pouvant évoluer en cancers ;

- il y a en revanche absence de symptômes inflammatoires dans le contexte alimentaire instincto, c’est-à-dire à la double condition que l’équilibre nutritionnel soit régulé par l’instinct et qu’il n’y ait aucun apport de molécules dénaturées ou étrangères à la plage alimentaire originelle de l’homme ;

- cette absence de tendance inflammatoire peut servir de critère pour reconnaître un déséquilibre alimentaire ou l’ingestion de molécules dénaturées ;

- la présence de molécules étrangères au métabolisme normal peut également perturber la construction des tissus, principalement des phanères, des calottes articulaires, des os et autres tissus (dont la dentine, ce qui explique les caries dentaires) ;

- la présence de ces molécules explique les réactions d’élimination que l’on peut observer au niveau des muqueuses (catarrhe), de la peau, des glandes sudoripares (odeurs corporelles), de l’intestin (selles et gaz malodorants), des exsudats, des éruptions, etc.

- cette pollution moléculaire, dépassant de loin les normes naturelles, explique également l’emballement des processus microbiens liés à l’élimination, les virus, bactéries et mycoses censés y participer par voie de symbiose se multipliant au point de provoquer des douleurs et des lésions parfois graves voire létales.

Ces notions générales, tirées de l’observation et des connaissances scientifiques, ne constituent aucunement des inventions, mais plutôt des découvertes. On ne dit pas non plus qu’un physicien aurait inventé la théorie de la gravitation ou la radioactivité, ni qu’un mathématicien aurait inventé la démonstration d’un théorème. Ni que Montagnier aurait inventé le virus du sida (bien que certains le prétendent !). Je me suis contenté d’observer le comportement des organismes dans les conditions alimentaires originelles, et mis les faits en rapport logique avec les notions scientifiques disponibles.

Là où il y a peut-être eu invention, c’est dans les applications de la théorie, par exemple dans :

- le fait de sélectionner les aliments utiles à l’aide de l’odorat en plaçant un bandeau sur les yeux de manière à exclure les interférences de l’intellect ;

- les plans de repas et le fait de faire deux repas par jour ;

- les quatre phases gustatives : lumineuse, agréable, désagréable et rédhibitoire ;

- le séchage des œufs sous ventilation à température ambiante, etc.

Mais ces éléments sont tout à fait annexes et ne changent rien au fond des choses.

Encore que le fait de prendre deux repas max par jour a aussi découlé de l’observation : on constate un bien-être digestif infiniment supérieur à celui que l’on obtient en mangeant au fil des envies. Même si l’on a fait une monodiète à midi, par exemple, le simple fait de grignoter quelque chose deux heures plus tard, au lieu d’attendre stoïquement les alentours de dix-huit heures pour le repas suivant, fait que l’on perd les phases lumineuses, et que l’on entre dans un état de frustration qui pousse à manger n’importe comment.

Et quand je dis « attendre stoïquement », j’oublie que toute sensation de faim disparaît pour environ quatre heures lorsqu’on pratique dans les règles (sans exception et en écoutant les sens), donc rien ne pousse en fait à manger avant le repas du soir. Cette notion là découle également de l’observation, et non de considérations théoriques arguant par exemple que les nomades mangeaient ce qu’ils trouvaient et au moment où ils le trouvaient. Je n’ai jamais rencontré de nomade crudivore pour cautionner cette hypothèse. Si bien que même la limitation à deux repas est plus une découverte tirée de l’observation qu’une invention.

Tous les régimes sont en revanche des inventions : on part d’une idée ou d’une idéologie pour s’imposer – et imposer aux autres – certains aliments et certaines privations. Alors que l’instincto réhabilite la liberté de l’individu face à tous les aliments naturels du monde, en lui apprenant à obéir à ses instincts fondamentaux, comme l’ont toujours fait toutes les créatures avant l’homo culinaris.

Merci donc de me prendre pour un découvreur, et non pour un inventeur.