Qu’est-ce que l’analyse transpulsionnelle ?

L’analyse transpulsionnelle est une nouvelle approche psychothérapique qui découle directement des bases de la métapsychanalyse.

La métapsychanalyse est une nouvelle théorie psychanalytique qui prend en compte le psychisme humain et tout particulièrement sa dimension métapsychique. Elle permet pour la première fois de réunir les approches de Freud, Jung, Reich, Lacan et autres écoles en un tout cohérent.

Fondée avant tout sur l’observation du fonctionnement psychosexuel en rapport avec les facultés extrasensorielles, elle s’appuie sur une topique plus complète que celle de Freud : celle-ci comprend le Ça, instance des pulsions jaillissant de l’inconscient, le Moi, lieu de la conscience où l’on dit « Je », et le Surmoi où s’enregistrent les interdits et les apprentissages. La métapsychanalyse y ajoute une quatrième instance prenant en compte la perception extrasensorielle et le vécu métapsychique : le « Surça », défini en tant qu’interface entre l’Inconscient collectif tel que Jung le définit, et le psychisme ordinaire comprenant les appareils sensoriel, cognitif et affectif.

Le Surça est le lieu de gestion des énergies métapsychiques, énergies numineuses ou orgone selon Jung et Reich respectivement, alors que la libido freudienne est l’énergie propre aux trois instances ordinaires. Le Surça comprend l’intuition, l’inspiration créatrice, les facultés extrasensorielles comme la voyance ou la précognition, et les facultés psychokinétiques. Il rend ainsi compte de la capacité du psychisme à percevoir les Archétypes, tels que définis par Jung et de les convertir en images et en affects dans les rêves et les visions. Il assure également la perception de l’Amour et de la spiritualité.

Deuxième différence fondamentale : Freud reconnaît dans la sexualité deux fonctions indépendantes, l’une s’instaurant à la maturité, centrée sur le coït et visant à la reproduction, l’autre présente dès la naissance, réunissant les pulsions polymorphes dans une perspective bisexuelle et visant selon lui au « gain de plaisir ». La métapsychanalyse part du point de vue qu’aucun instinct n’a pour finalité le seul plaisir. L’instinct alimentaire, par exemple, n’a pas pour but le plaisir du palais mais l’apport de nutriments à l’organisme. De même, les pulsions polymorphes devraient avoir au-delà du plaisir une finalité spécifique utile à l’individu ou au groupe. Le postulat métasexuel, se réclamant de nombreux faits d’observation, pose que cette finalité est l’apport d’une énergie métapsychique dont la présence se reconnaît à l’activation des phénomènes paranormaux et au développement des facultés extrasensorielles.

En accord avec la notion de « programme instinctif » définie par Konrad Lorenz, les pulsions amoureuses et sexuelles se répartissent dès lors en deux ensembles cohérents, a priori indépendants : un programme instinctif reproductionnel, ou PIR, comprenant les pulsions ayant trait à la procréation et aux activités qui lui sont attachées, et un programme instinctif métasexuel, ou PIM, réunissant les pulsions liées au développement métapsychique.

Les pulsions métasexuelles comprennent la capacité d’émerveillement, la magie amoureuse, l’émotion transmise par le regard, les contacts et caresses chargées d’énergie, la transe amoureuse, les pulsions polymorphes, l’amour de l’amour, la créativité, l’aspiration à l’ extrasensoriel, au développement spirituel et aux sentiments de félicité qui caractérisent son accomplissement, ainsi qu’un complexe de pulsions négatives faites pour dénoncer les conduites susceptibles de faire échouer le développement métapsychique. Les pulsions propres au PIR n’apparaissent qu’avec la maturité, elles sont centrées sur le coït « normal », et incluent les tendances possessives, l’exclusion du tiers, le désir d’enfanter, d’allaiter, de toiletter, l’instinct de nidification, l’importance donnée au logement, au mobilier, à la sécurité, à l’argent, à la discipline, aux performances, à la compétition.

Or, il se produit à la puberté une coalescence entre les pulsions des deux programmes. La structuration psychique qui en résulte s’effectue de manière très différente suivant que l’enfant a pu vivre ou non les pulsions propres au PIM. Il est pertinent de parler ici de structuration psychique du fait que l'adolescence constitue, au même titre que la période oedipienne, une "période sensible" au sens de Lorenz, c'est-à-dire une période pendant laquelle les expériences vécues s'enregistrent très irréversiblement dans l'inconscient.

Sous l’effet de la morale conventionnelle, les pulsions polymorphes et leurs aboutissants métapsychiques sont soumis à un refoulement systématique. L’énergie pulsionnelle accumulée dans l’inconscient pendant la période précoce s’investit avec une force excessive dans les pulsions reproductionnelles de la maturité. Le phénomène peut se décrire comme une intrusion de l’énergie pulsionnelle liée aux pulsions du PIM dans les pulsions homologues du PIR. On peut également parler d’induction pulsionnelle, les pulsions du PIM alimentant de manière compulsionnelle les pulsions les plus proches appartenant au PIR.

Par exemple, la frustration liée à l’échec du développement métapsychique poussera à rechercher de manière obsessionnelle dans l’instinct de nidification les sentiments de félicité et d’accomplissement propres au dévoloppement métapsychique. L’individu placera un espoir de bonheur démesuré dans la vie conjugale, dans la maisonnée et dans les objets qui en font partie, appartement, mobilier, décoration, cuisine, voiture, ainsi que dans l’argent nécessaire pour se payer un maximum de confort et de luxe, au lieu de placer cette énergie dans l’aspiration à la sagesse, à la compréhension du monde et des autres, à la vie métapsychique (contact avec les Archétypes, créativité authentique) et à l’accomplissement spirituel. On comprend ainsi que l’échec du PIM installe l’individu dans un système de pensée réductionniste, privilégiant les valeurs matérielles aux dépens des valeur spirituelles. On constate effectivement que les philosophies matérialistes (notamment l’utilitarisme) et l’essor industriel ont suivi l’irruption de la morale répressive (les grands campagnes anti-masturbation datent du milieu du XVIIIe).

Les confusions pulsionnelles entre PIM et PIR sont ressenties inconsciemment comme contre nature, de sorte qu’elles déclenchent des pulsions excalibur. Le psychisme est alors traversé par des motions agressives ou dépressives faites a priori pour amener les protagonistes à conformer leur conduite aux lois naturelles du PIM. Lorsque ces pulsions ne peuvent atteindre leur but, situation fréquente dans le paradigme moral dominant, elles se font compulsionnelles et deviennent destructrices (raison pour laquelle Freud les a considérées comme un instinct de mort, le Thanatos, par opposition à l'Éros, instinct de vie).

Elles s’observent dans les révoltes de l’adolescent contre ses géniteurs ou contre la société, dans la façon souvent méprisante dont les jeunes d’un sexe parlent de l’autre, dans le désenchantement caractéristique de cet âge en milieu scolaire, dans la dépression, dans les suicides, etc. Les mêmes pulsions peuvent aussi s’exprimer dans la compétition, dans le sport, par la consommation d’alcool, par la délinquance, par l’homophobie ou autres rejets sexuels, dans le colportage de rumeurs, par des actions judiciaires, par de fausses accusations, etc. En d’autre termes, l’agressivité régnante est engendrée par les pulsions excalibur faites a priori pour dénoncer les erreurs commises contre les lois naturelles de l’amour et l’échec spirituel généralisé.

Dans un paradigme moral laissant leur libre expression aux pulsions naturelles, la conjonction du PIM et du PIR se produirait sans heurts et sans conflits. L’adolescent aurait antérieurement consolidé les vécus propres au PIM, faisant le lien entre la magie amoureuse, les pulsions polymorphes, l’orgasme et l’état de plénitude en tant que voie vers l’extrasensoriel. Il aurait développé ou observé des manifestations paranormales et aurait une conception non matérialiste de l’univers et de l’amour. Il n’éprouverait pas pour le sexe opposé d’attraction « animale » ni d’animosité (ni phallocratie ni féminisme). Il ressentirait certes l’émergence des pulsions propres au PIR, mais celles-ci s’organiseraient en fonction de celles du PIM, le coït étant activé en cas de fin procréative. Les pulsions excalibur seraient rares et non compulsionnelles.

L’adolescent se sentirait bien dans sa peau, il n’aurait aucune raison d’en vouloir au monde ni à ses parents. Il ne manifesterait pas de rejet scolaire, ni de mépris pour les élèves plus jeunes, le bizutage n’existerait pas etc. Le jeune adulte intégrerait la tâche biologique de la reproduction dans son vécu PIM. C’est-à-dire qu’il ne chercherait pas l’amour et la félicité dans les pulsions propres au PIR. Il donnerait moins d’importance fantasmatique au coït, ce qui éviterait bien des malentendus entre genres et bien des grossesses intempestives. Il ressentirait le mariage non comme la promesse d’un bonheur absolu mais comme une configuration utile au développement des enfants. Il ne s’illusionnerait pas sur les exigences de fidélité mais réagirait positivement au besoin d’amour du conjoint. La dynamique triangulaire ne fonctionnerait pas sur la base de l’exclusion du tiers, mais de son inclusion. Cela influencerait toute l’existence future de l’individu, la structuration psychique des enfants et déterminerait des structures sociales plus harmonieuses.

La grande majorité de la population occidentale est marquée par l’échec du PIM et ses conséquences au niveau psychodynamique. Les élans amoureux sombrent régulièrement dans l’ennui ou le rejet du partenaire. Le tiers est ressenti a priori comme une menace. Les relations physiques ne débouchent quasiment jamais sur le développement extrasensoriel. Un flot de chansons et de poèmes chantent les beautés de l’amour, mais la réalité est loin de répondre à ces aspirations. Il est toutefois possible de restaurer à l’échelle de l’individu un fonctionnement de l’amour plus proche des lois naturelles et de restaurer le lien naturel entre sexualité et extrasensoriel en respectant un certain nombre de règles.

Ces règles ont été tirées de l’expérience et sont censées garantir le fonctionnement de l’appareil psychosexuel tel qu’il est programmé génétiquement. Elles sont en accord avec la théorie métapsychanalytique et l’analyse transpulsionnelle et peuvent se résumer comme suit :

 

1. absence d'excitation parasite du système nerveux, afin que l'équilibre pulsionnel naturel soit respecté. donc alimentation 100% naturelle et bien équilibrée

2. ne pas chercher le plaisir pour le plaisir, mais laisser agir la "magie amoureuse" et éviter tout ce qui peut casser l'émerveillement face à l'autre, face à l'amour et face à la vie

3. maintenir une position psychique d'interrogation, ne pas investir dans l’idée de savoir ni dans le jugement, ne pas non plus s'irriter lorsqu'un autre nous juge mais chercher l'erreur que l'on a pu commettre au cas où l’agression exprimerait une pulsion excalibur

4. se débarrasser des stéréotypes de la morale et des mépris que l'on a pu cultiver contre telle forme de sexualité ou contre tel type de personnalité, et redécouvrir en soi toutes les pulsions amoureuses potentielles, même celles que l'on croyait absentes ou refoulées (notamment la bisexualité).

5. tenir compte des messages extrasensoriels (visions, rêves paranormaux) que l 'on reçoit soi-même ou que d'autres nous transmettent, sachant qu’ils peuvent indiquer si l'on est sur la bonne voie ou nous mettre en garde dans le cas contraire

6. désinvestir les angoisses, les sentiments de culpabilité, les désirs, les regrets, les reproches, les opinions et tout ce qui touche à l'ego

7. ne jamais « faire l'amour », mais « laisser l'amour faire », ce qui justement consiste à désinvestir la pensée et le désir, donc à laisser de côté tout ce qui est séduction, proposition, harcèlement etc.

8. en cas de rapprochement, se centrer dans le plexus solaire, ce qui est associé à un sentiment d'infinitude et d'éternité, et non dans la pensée, le sentiment ou le sexe

9. apprendre à aimer sans s'attacher à une personne particulière, mais ressentir l'amour vécu à la fois comme un don du Ciel et comme une offrande à la Divinité.

10. ressentir positivement l'amour que le partenaire peut ressentir pour un tiers, dépasser la jalousie non par un effort sur soi mais par une ouverture à l'amour où qu'il souffle, rester en toute circonstance dans la position psychique propre à l'amour de l'amour

11. être conscient du fait que la possession de facultés extrasensorielles n'est rien de plus qu'un état naturel et ne pas s'en enorgueillir

12. ne rien faire dans ou à l'extérieur de la relation amoureuse qui laisse une trace de culpabilité, de reproche, de ressentiment, de mépris etc. afin de conserver un espace intérieur en expansion et sans conflits ou tensions.

La métapsychanalyse a justement pour but de réaliser cet état (qui n'est autre que l'état naturel de l'être humain) en dénouant grâce à la connaissance des lois naturelles le nœud gordien qui s'est noué en chacun de nous sous l’effet du paradigme ambiant. L’analyse transpulsionnelle joue à cet égard un rôle clé, car elle permet de rechercher non seulement les refoulements remontant à la période œdipienne et à la période de latence, mais également les fixations pathogènes qui se sont produites à l’adolescence sous l’effet de l’induction pulsionnelle. Le plus souvent, elle met en lumière des dérogations aux règles ci-dessus commises dans l'entourage du sujet. Celui-ci peut alors mieux comprendre la cause de ses souffrances et frustrations et s'en libérer par un travail intérieur adéquat.

Ce qui revient à dire : redécouvrir ce que nous sommes vraiment par-dessous les masques et les cuirasses que la culture, l'accrochage, l'éducation, les chocs avec les autres et la société nous ont amenés à porter pour nous préserver et avec lesquels nous finissons par nous confondre. L'amour sait alors quand il doit intervenir, il suffit de lui obéir.

Mais attention : il n’est pas question d’appliquer ces règles dans le sens d'AGIR au nom d'un principe. Elles ne doivent pas être prises pour des directives mais favoriser l’auto-interrogation, l’ouverture aux ressentis subtils et le renoncement à toute coercition extérieure ou intérieure. L’ego doit apprendre à lâcher prise afin de laisser place à une subtile obéissance à l'Amour ou à la Divinité – ce qui revient au même vu que Dieu est Amour. Et cette obéissance est ressentie comme la véritable liberté. Elle EST la véritable liberté.