PAN CANCER : des recherches titanesques... qui mèneront où ?
Comme on pouvait le prévoir, des mutations de l’ADN s’avèrent être responsables des différentes cancérisations. Mais cette fois, on sait exactement de quelles mutations il s’agit : 89 substitutions d’un nucléotide, 11 substitutions de deux nucléotides, 17 délétions (destruction d’un fragment d’ADN). Les causes présumées sont à chercher, selon les chercheurs, du côté de l’âge, de l’environnement, ou de l’hérédité.
L’ADN ressemble à une échelle de corde en spirale, dont les échelons sont des paires de molécules (dites « bases ») tendant à s’accoupler : la Guanine avec la Cytosine, et l’Adénine avec le Thymine. C’est la succession de ces différentes paires GC, CG, AT, TA qui constitue l’information génétique, à la manière d’un alphabet à quatre lettres. Le schéma ci-dessous présente les trois types de mutation dont il est question.
Comme dans toute information, des erreurs ou modifications (mutations de l’ADN) sont possibles, par exemple lorsqu’une paire de bases est remplacée par une autre (substitution) ou lorsque manque une paire (délétion). Le gène (portion d’ADN portant l’information qui permet de construire une protéine) porteur d’une telle erreur ne peut alors pas accomplir sa mission, ce qui ouvre la voie à toutes sortes de troubles fonctionnels.
Lorsqu’on sait que l’ADN d’une cellule humaine comporte plus de 6 milliards de ces paires de bases, qu’il doit s’enrouler pour former des chromosomes lots de la division cellulaire, qu’il est sensible à des rayonnements et à des agressions chimiques, on conçoit que toutes sortes d’accidents peuvent se produire et compromettre le fonctionnement normal de la cellule. Des mutations altérant les mécanismes de régulation de la division cellulaire peuvent alors ouvrir la voie à une prolifération cancéreuse.
Il est certes très intéressant d’avoir grâce à Pan Cancer une idée plus précise des 81 mutations que l’on rencontre dans l’ADN de cellules formant les 38 types de cancer étudiés. Le fait que les chercheurs désignent l’âge et l’environnement, ou encore l’hérédité, comme principales sources de ces altérations génétiques, est également significatif. La science s’approche progressivement des véritables causes du cancer.
Que trouve-t-on en effet de commun derrière ces trois facteurs ? C’est au cours de l’âge que l’organisme peut accumuler un nombre croissant de molécules étrangères à son fonctionnement normal. Et c’est l’environnement qui est susceptible d’apporter à l’organisme des molécules étrangères, notamment l’alimentation, que les scientifiques comptent dans les facteurs environnementaux. Et troisièmement, des accidents génétiques déjà présents chez les antécédents ou survenant lors de la mitose (division cellulaire) formant les gamètes (cellules sexuelles) peuvent marquer l’ADN du rejeton.
Contre des mutations héréditaires, on ne peut pas grand-chose. L’eugénisme n’est plus à la mode. La principale piste à explorer, si l’on veut éviter des mutations cancérigènes, c’est évidemment l’avalanche pluri-quotidienne de molécules étrangères que constitue l’alimentation traditionnelle.
On sait aujourd’hui que la préparation culinaire fait apparaître dans les substrats alimentaires toutes sortes de molécules nouvelles. Les réactions chimiques qui se produisent sous l’effet de la chaleur et des mélanges sont source d’un nombre incommensurable de molécules capables de produire toutes sortes de désordres. Notamment des désordres au niveau de l’ADN.
De nombreux AGE, molécules formées par réaction entre sucres et protéines, sont mutagènes. On sait aussi que la cuisson provoque la formation d’AGE en grands nombres. Ces réactions se produisent surtout à haute température, mais elles se produisent déjà lors de simples mélanges à température modérée ou ambiante. Ce sont des dérivés incontrôlés, qui surviennent dans tout aliment transformé. Certaines mutations sont cancérigènes, aujourd’hui mieux connues que jamais. La logique élémentaire veut donc que l’on pose l’équation Cuisine → Cancer. Quitte à y mettre un point d’interrogation.
C’est dans la poêle, la casserole, le four, et même le saladier qu’il faut chercher les molécules nouvelles susceptibles d’induire des mutations cancérigènes. Cela crève les yeux à quiconque connaît un minimum de biochimie et de physiologie. Mais gageons que l’avancée réalisée grâce au programme Pan Cancer ne débouchera avant longtemps que sur des recherches isolées tendant à prouver que telle mutation résulte de telle molécule… Avec à la clé la recherche d’un additif alimentaire tendant à neutraliser cette molécule.
Tout plutôt que de remettre en cause la phénoménale dérive alimentaire initiée avec l’usage culinaire du feu et l’invention de l’agriculture. Il faut absolument que les grands-mères puissent continuer de cuisiner, l’industrie alimentaire de rapporter, les malades de se multiplier, et les médecins de soigner. Ainsi tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes...
Restons tout de même optimistes. Les faits que nous avons pu observer dans le référentiel alimentaire naturel finiront bien par être reconnus. La question est juste de savoir quand...