Amour et sexe : une source d'énergie... mais de quelle énergie ?
Je t’aime... et toi, tu m’aimes ? Oui, je t’aime… Mais m’aimes-tu autant que je t’aime ? Et toi m’aimeras-tu toujours ?
Ce genre de dialogue, censé conforter la relation amoureuse, a quelque chose de dérisoire. Il émane un certain malaise, celui d’un jeu que l’on se jouerait, à l’autre et à soi-même. Si des mots sont nécessaires, c’est que la spontanéité est écornée. Au climax de la lune de miel, lorsqu’on vient de tomber amoureux, les mots sont inutiles. On se sent porté par une sorte de courant ascendant, par une magie amoureuse qui ne ferait que pâtir d’une quelconque dialectique.
S’il faut parler, c’est de toute évidence parce qu’on cherche à combler un vide, à rattraper quelque chose qui nous échappe. On tente de pallier à la perte du magique en esquissant un contrat : je t’aime – tu m’aimes, et ce sera pour toujours. Mais tout contrat est éroticide. La mise en équation de l’amour signe sa mort. Le cercle vicieux s’installe et l’on ne comprend pas que même le sexe ne réponde plus comme aux premiers jours. Pourtant les pulsions sont là, on essaie de leur frayer un chemin à partir des premiers souvenirs, en revisualisant les premières images, en remodelant les premières sensations. Et plus on essaie, plus s’installe le désenchantement…
On pressent derrière ce tarissement certains mystères encore impénétrables. Pourquoi l’amour nous file-t-il si souvent entre les doigts ? Pourquoi en avons-nous besoin comme d’une sorte de nourriture ? Pourquoi aussi sommes-nous portés à l’assortir d’une promesse d’éternité ? Quelque chose nous glisse dans le cœur la conviction qu’il devrait rimer avec toujours, alors même que la réalité tant de fois répétée nous démontre que c’est une illusion…
Nous obvions à cette contradiction en misant sur la fidélité de l’autre et – plus difficilement – sur celle à laquelle nous entendons nous astreindre. La jalousie elle-même devient un gage d’amour : tu n’es pas jaloux, donc tu ne m’aimes pas. C’est elle pourtant qui marque le plus souvent l’explosion finale d’une relation défunte, fait souffrir et traumatise. Elle aussi qui conduit au crime passionnel, et qui sans doute sous-tendait la peine de mort dont l’adultère a été trop longtemps gratifié.
Si l’on en croit la psychanalyse, ces contradictions surgissent dès la plus tendre enfance. Pour faire le point, quelques extraits de la Revue Français de Psychanalyse signés Olivier Flournoy, à commencer par une phrase tirée des Trois Essais :
« Lorsqu'on voit un enfant rassasié quitter le sein en se laissant choir en arrière et s'endormir, les joues rouges, avec un sourire bienheureux, on ne peut manquer de se dire que cette image reste le prototype de l'expression de la satisfaction sexuelle dans l'existence ultérieure. » …
« Cette solitude narcissique béate résulte de ... l'excitation omniprésente et désirable de la scène primitive à trois où l'on fut sans y être. … Le bébé est sexe. Il excite ses parents, les rend fous (d'amour). Sa mère est sexe, elle se cache pour donner le sein qu'excite la bouche. Son père est sexe et cache son érection si cette poupée vivante s'agite sur son giron. Sexe, fantasmes, viol, violence... La mère, – au-dessus de tout soupçon, le père et le bébé, tous sont sexuels pervers polymorphes. ... La vie est assez dramatique en soi pour qu'on n'ait pas à proposer à ceux qui nous le demandent une analyse comme sa réduplication avec, en prime, le désastre rendu conscient de l'impasse œdipienne. C'est pourquoi j'aimerais voir ... dans le plaisir pris à dire la découverte du drame œdipien …, un plaisir prélude à la reprise hors de l'analyse d'une sexualité qui puisse n'être nuisible ni mortifère pour personne et d'un vécu, quel qu'il soit, dit de "sublimation", en attendant l'inéluctable aboutissement de notre commune destinée. »
Bien du temps est passé depuis que Freud définissait la libido et traçait ses fameuses topiques (conscient / inconscient, ça / moi / surmoi). Le langage de ses héritiers s’est confiné dans une complexité croissante de plus en plus rébarbative au profane. Ce que nous pouvons retenir de leur discours après un siècle de catagenèse, c’est que les premières émergences de la sexualité commencent avant la période œdipienne ; que l’enfant vit, dans une constellation triangulaire, un drame de l’exclusion qui le marquera pour toujours ; que la sexualité peut être nuisible ou mortifère ; que chacun est affamé d’une satisfaction dont la nature reste impénétrable ; qu’au tréfonds de chaque être, il y a des pulsions « perverses polymorphes » (je traduis : des pulsions ne visant pas au coït et contraires de ce fait à la morale normative) ; et que leur seule issue non destructrice serait la sublimation.
Le tableau n’est pas des plus idylliques. On en retire plutôt le sentiment que les spécialistes se débattent dans un labyrinthe dont nul ne sait où trouver la sortie. Ce n’est pas sans raison que paraissait en 2005 le délétère « Livre noir de la psychanalyse », mise à mort sans appel du freudisme dans son ensemble, doctement concoctée par quelques grands pontifes du cognitivisme – donc de la faction concurrente.
Pendant que ce monde s’agite et s’escarmouche, la question de l’œdipe ne trouve toujours pas de solution satisfaisante, le politiquement correct zappe consciencieusement tout ce qui évoquerait une sexualité infantile, les difficultés de l’adolescence ne font qu’empirer, les échecs conjugaux se multiplient, le mariage homosexuel déploie sa stérilité, les accusations pour viol et pédophilie foisonnent, une simple proposition fait figure de harcèlement, il n’y a bientôt plus que le transexualisme pour nous promettre un bonheur chirurgical.
Et dire que Bosch nous propose depuis cinq siècles la solution miracle : comprendre ce qu’est réellement l’amour, à commencer par sa composante physique. Son Jardin des Délices nous en livre les secrets, au prix d’un peu d’ouverture d’esprit. Quels sont les éléments qui sautent aux yeux dès le premier coup d’œil ? Regardez un instant le panneau central d’un œil neuf, et notez ce que vous frappe : une foule de protagonistes rayonnant l'innocence, et partout des fruits rouges ou bleus.
Cette innocence est-elle l’antécédent ou le conséquent de la forme d’amour ici mise en scène ? Je dirais « tous les deux ». Il faut de l’innocence pour trouver le chemin subtil de l'Éros adamite, c’est-à-dire se débarrasser de toutes les traces d'angoisse et de culpabilité que la morale ambiante a gravées dans nos neurones. Et inversement, l’innocence et la sérénité peuvent être retrouvées, alias les culpabilités et les angoisses volatilisées, lorsque l’amour retrouve sa fonction originelle. Ce qui résout du même coup le nœud gordien où s'est empêtrée la psychanalyse, faute de savoir attribuer ces angoisses et ces culpabilités à leurs racines véritables.
Et que symbolisent donc tous ces fruits ? Certains sur la tête, d’autres sur l’épaule, d’autres convoités par des bouches affamées… Divers exégètes en ont déduit que Bosch entendait militer pour un salutaire frugivorisme. Je vous laisse juge. Je vois pour ma part dans les fruits le symbole d’une nourriture originelle ; la réponse à un besoin nutritionnel essentiel ; un apport de calories – donc le symbole d'une énergie primordiale. Un rappel aussi au fameux fruit du Paradis, qui ne serait plus défendu.
Une énergie est une forme de nourriture. Même dans un appareil électronique, on parle d’alimentation pour la partie qui fournit aux autres circuits l’énergie électrique nécessaire à leur fonctionnement. Une énergie peut alimenter l’envie d’agir, de faire, de construire ou de détruire. Mais cette énergie-là est banale. On la reconnaît déjà chez l'animal. Elle existe sans qu’il soit question d’une forme d’amour particulière. Même dans le monde « chuté » que représente le panneau de l’Enfer, on assiste à des volontés d’action : le joueur d’organistrum tourne sa manivelle, le patineur s’évertue sur ses patins, puis tire sur le bastingage pour faire avancer son bateau, les hordes de brigands s’efforcent d’avancer dans les ténèbres et de conquérir le monde. Cette énergie omniprésente, animatrice de l’ensemble des activités humaines que l’on peut qualifier de terrestres, se déploie aux antipodes de l’amour transcendant dont Bosch se veut le pintor.
Les fruits que multiplie le Jardin des Délices évoquent une énergie d’une tout autre nature. Pour mieux suivre Bosch, il faut voir où cette énergie conduit ses bénéficiaires. Et là, les doutes s’évanouissent au vu des images qui peuplent le ciel : on y trouve l’envol vers les Cieux, la Contemplation, la Connaissance avec grand C, l’Accomplissement spirituel. Dans l’angle droit inférieur, on découvre une autre de ses manifestations : la divination. Et au centre avant du grand cortège de cavaliers, une jeune chouette, symbole des facultés extrasensorielles en gestation.
Bosch nous met en image une forme d’amour oubliée, source de l’énergie transcendante que requiert notre accomplissement spirituel. Il rejoint en cela Platon, lorsque celui-ci nous dit par la bouche de Socrate que l’Éros uranien est un échange de particules capables de faire pousser les ailes de l’âme, lui permettant de s’élever au-dessus de la voûte du Ciel et d’accéder aux Essences, nourriture éternelle des Dieux.
De nos jours, on entend parler d’énergie à tout va. Freud a initié le mouvement avec sa fameuse libido : cette énergie psychique trouvant sa source dans le corps et traversant l'ensemble de la sexualité au sens large, puis par sublimation toute notre culture. Troublante énergie pouvant entrer en conflit avec le Moi, être satisfaite ou insatisfaite, se fixer sur un objet (partenaire désiré ou chaussure de femme pour les fétichistes) ou sur le sujet lui-même dans le narcissisme, censée mettre en mouvement nos pulsions et dont les déviations sont l’essence de la névrose. Cette étonnante polyvalence a peut-être ouvert la voie à la conception d'une énergie « bonne à tout faire » que l’on retrouve aujourd’hui dans le discours des psychothérapeutes de tous poils, des émules du New Age et autres ésotérismes, jusque dans le langage de tous les jours, sans qu’on sache vraiment de quoi l’on parle.
Mes antécédents de physicien me portent, en toute modestie, à tenter de mettre un peu d’ordre dans ce dédale. Le mot remonte au grec, « ἐνεργεια » (energeia), force qui met en action, repris en latin « energia ». On le trouve au XVIe siècle signifiant « puissance d’action, efficacité, pouvoir ». Il qualifie dans les siècles suivants la façon de parler, la fermeté dans l’action. Il n’est utilisé en physique qu’en 1877 (en anglais depuis 1807), pour désigner les énergies potentielle et cinétique, pour parler de conservation de l’énergie, etc.
Une première remarque s’impose : une énergie au sens de la physique n’est pas une grandeur ordinaire, comme une force, une longueur, une durée. Voici ce qu’en dit un physicien théoricien, Guilhem Golfin, auteur du livre « Le paradoxe naturaliste de la physique théorique » :
« Dans ce monde quantitatif actuel, quelle est la place exacte de la grandeur énergie ? Son statut n'est en effet pas clair : grandeur abstraite en soi s'il en est, produit de déductions successives, elle n'est pas directement de l'ordre du phénoménal. Pour autant, est-elle quelque chose de transphénoménal ? ... Il ne semble pas, du fait qu'elle demeure une grandeur, donc quelque chose qui participe de la matière ... Sans être par conséquent quelque chose de perceptible ou d'empirique, l'énergie ne saurait pas pour autant être tenue pour étrangère à l'ordre du sensible et du phénoménal. En tant que grandeur fondamentale (puisque c'est elle qui est censée se conserver absolument), elle s'apparente davantage à une représentation idéalisée du monde matériel, qu'à une réalité transphénoménale qui pourrait jouer le rôle d'une cause. »
Les choses ne sont donc pas aussi claires qu'on pourrait l'imaginer, même dans le monde des sciences dures. Épistémologiquement, l’énergie peut être qualifiée de « grandeur fondamentale » : c'est une notion qui coule de source, qui est apte à fonder les raisonnements et se prête au calcul, mais ne peut être définie à partir d’autres grandeurs. Tout comme un axiome est intuitif, indispensable pour démontrer les théorèmes, mais ne peut être démontré lui-même.
Il est clair qu’on ne peut pas toucher du bout des doigts une énergie mécanique (on ne peut toucher que des objets), ni l’énergie électrique contenue dans un accumulateur (on ne peut mesurer que des volts, des ampères, des durées, des concentrations d’acide). Il n’y a pas de perception ni de mesure directe de l’énergie du physicien, on ne peut l’identifier qu’à travers ses manifestations. C’est donc une grandeur abstraite par excellence. Et pourtant, la notion d’énergie est indispensable, elle permet de résoudre et simplifier des foules de problèmes insolubles par d’autres voies. Le principe de la conservation de l’énergie, par exemple, est tout à fait fondamental dans les raisonnements.
Qu’en est-il alors de l’énergie psychique ? Nous nous trouvons devant le même cas de figure : nous ne pouvons pas définir cette notion, si ce n’est la déduire à partir de ses différentes manifestations. Dans l’optique freudienne, elle se manifeste a priori sous forme de pulsions sexuelles. Elle prend sa source dans le corps et œuvre au niveau de l’inconscient. La réalisation de la pulsion équivaut à une décharge d’énergie, que signe le plaisir.
Sur un plan psychologique plus général, on peut parler d’énergie à propos d’une personnalité, d’une attitude, d’un discours. Elle se manifeste par ses effets sur autrui, émotion, engouement, soumission, changements d’opinion. Également dans le ressenti du sujet, qui se sent porté par une volonté d’action, d’interrogation, de domination, de conviction. Parler d’énergie en matière de psychisme ne paraît pas moins légitime que dans le champ des phénomènes physiques.
Mais ne faut-il pas prendre en compte une forme d’énergie particulière liée plus intrinsèquement à l’amour ? Ne parlons pas des avatars qui guettent l’amour à travers l’usure d’une relation, tenant plus de l’attachement ou de l’habitude, mais plus précisément du sentiment que l’on qualifie de « coup de foudre », qui nous saisit face à l’autre et nous transporte au septième ciel sans que nous ne l’ayons décidé, bien souvent sans que nous parvenions à le réprimer. Il y a là un phénomène, certes subjectif, mais que l’on peut qualifier de vérifiable et reproductible si l’on se fie à l’introspection et aux témoignages, dont les recoupements multiples établissent une cohérence indiscutable.
Il est vrai qu’à l’orée d’un amour nouveau, on se sent étrangement transporté de bonheur, doté de capacités inhabituelles, animé d’inspirations inattendues. On dit que les amoureux voient soudainement le monde avec d’autres yeux, ils se sentent plongés dans un monde féerique. Peut-on raisonnablement postuler que ce sentiment, ou plutôt cette sensation de « magie amoureuse » serait liée à une énergie spécifique ? Qu’elle ne serait pas un simple avatar de la libido ? On risque là de s'égarer dans de vaines spéculations. Les faits d’observation permettent heureusement de tracer, dans ce domaine où le flou artistique est roi, des limites claires et distinctes.
Ces faits d’observation sont ceux que nous rappelle Bosch dans son Jardin des Délices, et que j’ai découverts pour ma part au fil d’expériences amoureuses que j’ai pu vivre moi-même ou observer chez des proches. Je les raconte en détail dans la seconde partie de mon livre « Jardin des Délices, le Secret du Futur ? Ou le mystère Jérôme Bosch résolu ». L’amour vécu et réalisé physiquement dans certaines conditions – bien éloignées de ce que la sexualité est devenue dans notre culture rationalo-pornographique – aurait pour fonction principale le développement des facultés extrasensorielles.
Un tel rapport de cause à effet paraît d'abord hasardeux. La notion d’extrasensoriel est traversée d’incertitudes et de suspicions, elle paraît superflue, douteuse, apocryphe. La mettre en rapport avec le sexe paraît d’abord immoral, controuvé, scandaleux. Et pourtant, les faits sont là. J’ai pu observer chez environ 80 protagonistes l’apparition de facultés de voyance et autres capacités métapsychiques en rapport direct avec le vécu amoureux. Suffisamment pour en extraire des invariants permettant d’énoncer une série de lois naturelles caractérisant le phénomène et assurant sa reproductibilité. Il faut du coup reprendre à zéro aussi bien les stéréotypes courants cristallisés autour de l’amour et du sexe, que la psychanalyse dans ses différents états, et la morale que nous a léguée un certain Moïse.
Le premier pas, c’est de savoir si l’on peut parler à ce propos d’une énergie ou si cela constitue un amalgame injustifié. Examinons d’abord si les critères qualifiant l’énergie du physicien, la plus exemplaire dans notre pensée moderne, sont respectés par celle qu’il y aurait lieu de postuler en matière d’amour. Je reprends ici la démonstration proposée dans mon dernier ouvrage « Essai sur la théorie de la métasexualité » :
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L’énergie électrique peut mettre en action un système physique, comme une lampe à incandescence, un moteur ou un électro-aimant. Or, l’observation montre que les phénomènes métapsychiques sont activés après une relation de type métasexuel (visions, intuitions, créativité), ce dont peut rendre compte l’hypothèse d’un gain d’énergie associé au contact érotique.
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L’énergie électrique peut être localisée dans un accumulateur, un condensateur, ou un conducteur ; elle ne diffuse pas n’importe où : de même, il semble que l’énergie métasexuelle puisse se concentrer dans certaines régions du corps, définies comme zones « érogènes », dont l’excitation et le contact paraissent déterminants dans l’apparition des phénomènes concernés.
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L’énergie électrique peut s’accumuler en plus ou moins grande quantité : de même, on observe un rapport entre l’intensité ou la durée du vécu métasexuel qui a précédé, et un fonctionnement plus ou moins intense et durable les différentes facultés métapsychiques.
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L’énergie électrique est transmissible, elle peut passer par exemple d’un accumulateur à un autre : il semble de même qu’une personne ayant accumulé un certaine quantité d’énergie métasexuelle soit en mesure de la transmettre à d’autres personnes entrant en relation physique avec elle, ce qui se vérifie notamment par l’apparition souvent immédiate de facultés extrasensorielles.
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L’énergie physique se conserve, ce qui sous-entend qu’elle n’apparaît ni ne disparaît spontanément : il semble en être de même avec l’énergie métasexuelle, en ce sens qu’elle n’apparaît que dans des conditions de vécu amoureux bien précises, de préférence en contact avec des partenaires chez qui elle a eu l’occasion de s’accumuler antérieurement.
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Toute énergie physique peut se transformer, l’énergie électrique en énergie mécanique, chimique, etc. : parallèlement, l’énergie métasexuelle peut se transformer soit en créativité, en intuition, en différentes facultés paranormales, etc., ce qui suggère une distinction entre énergie métasexuelle, issue directement du contact physique, et énergie métapsychique à proprement parler.
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Un cas particulier de transformation est la dégradation d’une énergie noble en chaleur, en partie irréversible comme en rend compte la notion d’entropie : par exemple l’énergie électrique dégénère en énergie thermique par effet Joule dans une ligne électrique en court-circuit, dans un mauvais contact, etc. On observe également une dégénérescence de l’énergie métasexuelle, lorsqu’il y a des « courts-circuits » ou de « mauvais contacts » dans la relation amoureuse : elle se transforme alors en souffrance, conduisant à des situations de plus en plus irréversibles. À la manière de la chaleur, liée au désordre moléculaire, la souffrance amoureuse représenterait, dans ce modèle, un désordre dans les transformations de l’énergie métapsychique.
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Notons enfin que l’énergie physique peut véhiculer de l’information : l’énergie électromagnétique en provenance du soleil, qui entre par une fenêtre sous forme de lumière, est porteuse non seulement d’énergie thermique, mais également d’images véhiculant toutes sortes d'informations ; de manière analogue, l’énergie métasexuelle, en donnant lieu à des phénomènes extrasensoriels, ou simplement à travers l’inspiration créatrice qu’elle se montre capable d’alimenter, semble véhiculer une information, telle qu’on la trouve dans les symboles ou archétypes qu’elle rend accessibles. Il serait donc plus approprié de parler « d’énergie-information », terminologie évoquant les combinaisons qui peuvent se produire entre des « quanta » d’énergie de teneur informationnelle différente, plutôt que de simples additions ou soustractions.
Le parallélisme me paraît suffisant pour que l’on puisse sans plus de risques qu’en physique, postuler l’existence d’une énergie de type métapsychique, alimentant les facultés extrasensorielles. À ces considérations s’ajoute une perception directe, plus exactement une proprioception, qui n’a pas son égal au niveau de l’énergie du physicien : cette énergie métapsychique et son antécédente métasexuelle se ressentent sous forme de magie amoureuse et de plénitude, notamment au niveau du plexus solaire. C’est sans doute à ce phénomène que le centre de la poitrine a dû sa dénomination : le soleil est la source primordiale de l’énergie physique, elle sert ici de métaphore pour une énergie plus difficile à appréhender, comme c’était sans doute le cas du Dieu Râ dans l’ancienne Égypte, mise à part la tentative d’Akenaton de lui substituer le disque solaire purement matériel.
L’énergie métasexuelle se ressent de manière fort différente de la libido : cette dernière exacerbe la sensibilité physique au niveau des organes sexuels primaires et secondaires, elle fait naître un besoin de stimulation et d’assouvissement, elle s’assortit de fantasmes, mais sa décharge se limite à une forme de plaisir plutôt local. Alors que l’énergie métasexuelle induit une sensibilité à la fois plus fine et plus prégnante : le moindre effleurement, la moindre pression sur les zones érogènes donne une sensation d’épanouissement et d’irradiation. On peut parler d’une sorte de transcendance des organes, car les ressentis vont beaucoup plus loin q'une sensation physique et s’élèvent à des hauteurs beaucoup plus éthérées que ne le permet une stimulation ordinaire. Elle s’accompagne d’une impression de félicité, d’envol dans le ciel que les représentations de Bosch évoquent parfaitement.
L’exemple de la caresse illustre fort bien cette différence. Lorsque quelqu’un pour qui n’existe aucun sentiment amoureux nous caresse, le ressenti reste « terre-à-terre » – on pourrait dire « chair-à-chair » : on éprouve peut-être une sensation de chaleur, un sentiment de gentillesse, de tendresse, parfois une impression de moiteur caoutchoutée. Sans comparaison avec ce que le même geste peut produire par exemple au moment d’un « coup de foudre ». On se sent alors transporté au septième ciel pour exactement la même caresse, comme si un fluide enchanteur passait par le point de contact, en magnifiait le ressenti et nous faisait chavirer le cœur.
Les mêmes différences s’observent au niveau du sexe. Reich distinguait deux formes d’orgasme, opposant la « puissance éjaculatoire » et la « puissance orgastique » à proprement parler, la seconde seule étant source d’orgone – énergie circulant dans le corps sous forme de particules : les bions. En d’autres termes, il peut y avoir des orgasmes vides, à la manière d’une caresse sans contenu, et des orgasmes énergétiques. C’est bien ce que l’on observe : les premiers laissent après l’excitation locale une sensation de vide intérieur – les psychiatres parlent de « dépression post-coïtale », les autres une sensation de plénitude inondant tout le corps, particulièrement au niveau du plexus solaire, et débouchant sur un épanouissement général ressenti comme étant d’essence spirituelle.
La question est évidemment de savoir comment distinguer ces deux formes d’énergie de manière plus objective qu’à travers des sensations internes. C’est là que l’apparition de facultés extrasensorielles permet de faire la différence. On constate en effet qu'une relation sexuelle limitée au plaisir (égoïste ou partagé) a tendance à dégrader les facultés extrasensorielles, alors que la relation métasexuelle, vécue sous l’égide de la magie amoureuse et de la transcendance des organes, peut les faire naître, ou les développer dans leur disponibilité et leur acuité. On observe souvent l’apparition de visions juste après un orgasme de type métasexuel.
Ce sont des centaines, voire des milliers d’observations de ce type qui m’ont permis d’énoncer de manière de plus en plus précise les lois naturelles propres à cette forme d’amour et, parallèlement, de mieux comprendre la cause et la nature des souffrances liées au vécu amoureux et sexuel « classique ». L’ensemble de ces lois devient beaucoup plus clair et facile à verbaliser lorsqu’on se réfère à l’existence d’une énergie, dite métasexuelle ou métapsychique suivant qu’elle puise sa source dans le contact des corps ou qu’elle se métamorphose pour alimenter l’extrasensoriel.
Les problèmes de l’amour et du sexe s’expliquent infiniment mieux. Pour commencer par le plus simple : pourquoi cette étonnante association entre des organes destinés à la reproduction, et les sentiments nobles que nous insufflent les flèches du dieu Éros ? On comprend mieux pourquoi le sexe, et le corps en général, sont engagés dans un processus qui les dépasse. Le hiatus apparaît le plus crûment dans le cas des relations homosexuelles : là, le sentiment amoureux ne s’explique aucunement par les nécessités de la reproduction, et l’implication du sexe ne trouve aucune justification biologique. Ou alors, il faut réinscrire l’homosexualité au palmarès des pathologies, ce qui est passé de mode. Pourquoi des pulsions aussi fortes pour une personne du même sexe, alors que la relation n’a aucune chance de conduire à une fécondation ?
Si l’on admet que l’énergie métasexuelle a pour siège le corps, on comprend immédiatement que le contact physique puisse jouer un rôle déterminant en termes d’échange. Toutefois, un simple échange d’énergie entre deux partenaires ne constituerait pas forcément une source d’énergie. Une énergie électrique, par exemple, peut passer d’un accumulateur à un autre, mais cette forme de contact n’a aucun effet générateur. Le problème se résout si l’on attribue simplement à l’énergie métapsychique une qualité particulière : celle d’une énergie-information. Cette qualification n’est pas particulièrement aventureuse, l’énergie électromagnétique ordinaire pouvant elle-même, comme rappelé plus haut, transporter de l’information sous forme d’images ou autres codifications.
Dans le cas de l’énergie métapsychique, la qualification d’énergie-information est directement justifiée par les faits : les facultés extrasensorielles ont précisément pour caractéristique de capter des contenus d’information, qu’il s’agisse de visions de faits concrets perçus à distance dans l’espace ou dans le temps, ou d’archétypes, valeurs symboliques qui se manifestent le plus souvent par des images, et se révèlent aptes à diriger nos destins.
La propriété fondamentale de l’information est que deux informations peuvent se combiner, et qu’il ressort de leur combinaison plus que leur simple somme. Si vous savez quelle est la clé qui ouvre la serrure d’un coffre-fort, et que votre ami sait que ce coffre-fort renferme un trésor, vous pourrez faire à deux davantage que clamer à la ronde « j’ai la clé du coffre-fort » et « le coffre-fort contient un trésor ». Vous pourrez faire le lien entre les deux informations et vous emparer du trésor. La combinaison de deux informations connexes est source d’une information supplémentaire, plus enrichissante (ici au sens propre) que ne le serait leur addition.
On constate dans les faits que l’interpénétration des énergies métapsychiques de deux personnes, à travers le contact physique, apporte à chacun des partenaires bien plus que ne le ferait le simple apport d’une certaine quantité de fluide en provenance de l’autre (ici au sens figuré !). Notamment dans le cas où le rapprochement est couronné dans l'immédiat par des facultés métapsychiques inattendues, que ni l'un ni l'autre ne possédaient auparavant. C’est de la sorte empiriquement que se justifie le concept d’énergie-information en rapport avec les contacts amoureux, qui sont alors plus à comprendre comme une fécondation spirituelle réciproque que comme un échange ou un don mutuel. Nous sommes là bien loin du plaisir qu'il s'agit de prendre ou de donner lors d'une relation sexuelle ordinaire. On comprend notamment que ce processus métasexuel s'accompagne d'une sensation de félicité, bien plus élevée que celle d’un simple bonheur partagé, et dont on sent bien qu'elle signe des faits de nature spirituelle.
Pourquoi maintenant le contact sexuel peut-il jouer un rôle particulièrement important parmi tous les contacts physiques possibles ? Il est par nature le contact le plus intime, celui qui engage le plus grand nombre de terminaisons nerveuses et qui, de plus, peut culminer dans l’orgasme. Cela conduit à s’interroger sur la réelle fonction de l’orgasme. Reich tentait de l’expliquer, conformément à la mode lancée par Freud quant à la réalisation des pulsions, en se référant au principe « tension-détente », le plaisir marquant le basculement et constituant in se l’énergie. L’analyse me paraît un peu simpliste. Vu l’aboutissement extrasensoriel de l’ensemble du processus, je dirais plutôt que l’orgasme fait passer l’énergie métasexuelle du plan physique, espace du plaisir, au plan métapsychique, espace du transcendant. L’appellation populaire de « petite mort » évoque elle aussi le passage du niveau biologique à une dimension spirituelle.
Le postulat de l’énergie-information métasexuelle joue un rôle primordial dans le vécu amoureux et sexuel. Ce sont effectivement deux choses très différentes de considérer l’amour comme une relation d’un individu à un autre, ou plutôt comme une source d’énergie de type spirituel. Dans le premier cas, les émotions ressenties investissent l’attachement réciproque, avec ce que cela présage de souffrance au jour d’une séparation toujours possible. Dans le second, le ressenti sera plutôt celui d’une action de grâce rendue aux valeurs transcendantes, certains diraient à la Divinité. La différence porte notamment sur la position de l’ego, directement impliqué dans la relation captative car c’est lui qui s’attache et craint l’abandon, alors qu'il est mis hors circuit dans la relation oblative.
Aimer au nom d’une énergie transcendante, c’est dépasser le désir, célébrer l'amour inconditionnel, ramener la jouissance à une obéissance aux valeurs spirituelles. C’est renoncer à décider d’être avec telle personne et de la posséder, pour au contraire se mettre au service d’une dimension qui nous dépasse et laisser le champ libre aux signes et aux présages qui pourront alors gouverner nos destins.
C’est en même temps échapper aux aléas de la frustration, en commençant par la comprendre : le bébé qui vient de téter ne semble, comme le remarquait Freud, jamais satisfait, on a l’impression qu’il lui manque toujours quelque chose. De même, la relation sexuelle telle qu’elle est communément vécue, laisse après les émois du moment un sentiment de vide. Cette frustration omniprésente s’explique mieux en termes d’énergie : le vide ressenti dans la poitrine est simplement le négatif du sentiment de plénitude qui devrait emplir le plexus solaire et nourrir les fonctions métapsychiques que sont l’inspiration du poète, la créativité de l’artiste, l’intuition du savant, la clairvoyance du médium.
On comprend du même coup pourquoi cette frustration se signale par une souffrance. Les fonctions métapsychiques sont les pierres d’angle de l’accomplissement existentiel. La carence d’énergie métapsychique, nécessaire à leur développement, représente en quelque sorte un danger de mort spirituelle. Bien que ces éléments échappent à notre conscient, ils sont bien actifs au plan inconscient et se traduisent pas des angoisses de mort. La douleur liée à la frustration, comme le sont la plupart des douleurs, est un signal d'erreur : elle est là pour nous rappeler que nous nous trompons de forme d'amour et que nous nous condamnons à un manque fatal d'énergie, mettant en danger la signification même de notre existence. C’est aussi là que les pulsions amoureuses et sexuelles puisent leur caractère compulsionnel, à la manière d'un appel au secours tentant de rétablir une situation normale à travers l'exacerbation des pulsions.
La nature énergétique de l’amour amène également à considérer l’ouverture au tiers – l'adultère – sous un angle différent. Dans la perspective ordinaire, l’irruption d’une personne étrangère dans une relation amoureuse est perçue comme une menace. C’est la porte ouverte à la peur, à la jalousie, à l’éclatement de la relation, au déchirement. La situation paraît sans issue : si le nouveau partenaire s’en va avec l’un des conjoints, celui qui reste sur le carreau éprouve une douleur qui pèse inévitablement sur la nouvelle relation sous forme de culpabilité ; si les deux anciens partenaires choisissent de rester ensemble et de rejeter le tiers, ils éprouvent également un sentiment de culpabilité du fait qu'ils détruisent un amour potentiel, et restent figés dans leur ego. Dans les deux cas, tout aboutissement métapsychique de l'amour est compromis.
La situation se présente différemment, lorsque l’amour est perçu en tant que source d’énergie. L’intrusion d’un tiers représente alors une source d’énergie supplémentaire. L’expérience confirme, comme le note Reich, qu’une relation ancienne peut être revivifiée par un apport extérieur. Il existe en fait une pulsion spécifique, qui ouvre le cœur face à la relation que peuvent vivre les deux autres partenaires, que l’on peut appeler « amour de l’amour ». Dans l’idéal, elle anime chacun des trois protagonistes, de sorte qu’ils finissent par s’aimer « les uns les autres ». Cela implique un dépassement de l’ego, de l’attachement, de la possessivité, qui n’est pas facile à réaliser. Chacun est placé devant un choix incontournable : progresser ou souffrir.
L’amour de l’amour constitue de ce fait, à travers la sensation de béatitude qui l'accompagne, un moteur essentiel de l’accomplissement personnel. La nature semble avoir prévu à cet effet un dispositif d'apprentissage tenant de la carotte et du bâton : suivant que l'on tombe dans la possession et la jalousie, ou que l'on se maintient dans le mode amour de l'amour, on passe des pires souffrances aux plus grandes félicités et inversement. Il en résulte un conditionnement qui nous porte bientôt à dépasser spontanément l'ego et à privilégier les choix qui conduisent au sprituel. C’est là sans doute que l’amour du prochain devrait prendre racine.
Cette voie permet de rendre à l’amour sa valeur d’éternité, aucune relation n’ayant à se briser mais gagnant au contraire en profondeur à travers une nouvelle ouverture. Notre appareil pulsionnel est organisé de manière que l'amour et sa réalisation nous amènent tout naturellement à nous détacher des valeurs terrestres éphémères pour découvrir les valeurs transcendantes. C'est le propre des facultés métapsychiques, voyance, précognition, que de transcender l'espace et le temps. Ainsi s'explique l'équation innée « Amour = Toujours », chantée par les poètes mais rarement réalisée dans le vécu.
L'expression tant soit peu négative « tomber amoureux », comme son équivalente allemande : « sich verlieben » (le préfixe « ver » évoque quelque chose de péjoratif) , trouvent également une explication plus claire. L'état du monde actuel est tel que l'amour manque systématiquement son but métapsychique. Tout comme l'enseigne la Genèse, quelque chose « chute » systématiquement par rapport à ce que l'on se sent en droit d'espérer des miracles de Cupidon.
Rien n’est plus beau, en définitive, que de redécouvrir l’aspect sacré de l’amour et de la sexualité. La notion archaïque de « sexe sacré » retrouve sa signification. D’anciens rites comme les phallophories reprennent un sens. On constate également que de nombreux mythes, dans différentes cultures, ont pour but de préserver cette dimension subtile de l’amour. Non seulement les mythes anciens, mais aussi ces mythes modernes que constituent nombre d’œuvres littéraires, de romans, de films, dont le succès s’explique par l’importance du message qu’ils véhiculent, plus ou moins crypté suivant les cas, mais qui touche l’inconscient du public.
L’œuvre célèbre de Jérôme Bosch en fournit un exemple typique. On comprend pourquoi son Jardin des Délices suscite un tel engouement : par résonance avec les aspirations profondes des amateurs d’art, même s’ils ne parviennent à les formuler. On comprend aussi pourquoi ce triptyque est resté si longtemps impénétrable à l’analyse des exégètes : notre système de pensée réductionniste s'est déprivé, au cours de l'histoire, des notions et relations qui rendraient possible son interprétation. Lorsqu’on tente de verbaliser le message qui pourtant coule de source une fois comprise la forme d’amour dont il est question, on se heurte à une inertie générale qui pourrait être désespérante.
À croire que notre culture est entrée dans une impasse irréversible – irréversible parce que nos structures psychosexuelles, cristallisées lors du refoulement de l’œdipe qui n'est autre que la destruction des pulsions propres à l’Éros adamite, nous enferment dans un système dont cette forme d'amour est exclue d’emblée. L'ensemble de notre culture est une manière d'occulter cette carence générale, de nous évader dans toutes sortes d'activités substitutives, parfois de tenter de déchiffrer les causes du mal, comme s'y essaient mythes, religions, arts, ésotérismes. La psychanalyse elle-même peut être vue comme une tentative de remonter aux causes d’échec du processus amoureux.
La sensibilité du cœur comme la subtilité du sexe, nécessaires pour percevoir les potentialités de l’Éros originel, mises à mal dès l’enfance par les injonctions d'une virilité ou d'une féminité contraires à la nature, sont de plus compromises au plan neurophysiologique : l’excitation du système nerveux, due au gluten des céréales et autres molécules étrangères à la palette alimentaire naturelle, génère des automatismes mentaux qui désorganisent l'appareil pulsionnel. Le désordre neuronal se traduit par une excitation sexuelle anormale et par une tendance à la rumination, déterminant toutes sortes de pulsions, de fantasmes et de comportements contraires à ce que commanderait l’énergie métasexuelle.
Il est dans ces conditions quasiment impossible de reconnaître les messages subtils censés nous indiquer le chemin à suivre pour vivre l'amour comme il devrait être vécu. Nous sommes pris dès l’adolescence dans un imbroglio quasiment inextricable, mêlant des pulsions déplacées ou excessives à des images erronées de l’amour et du sexe, façonnées par la référence omniprésente à l’équation « sexe = reproduction », le tout faufilé d’une morale alignant des interdits là où il faudrait respecter le sacré et prônant des modèles de comportement contre nature.
Il nous reste tout juste à prier pour notre salut, mais nous ne savons plus non plus ce qu’est une véritable prière – car celle-ci serait justement de même nature que l’Amour avec grand A…