La PEUR : agent pathogène numéro 1 du Covid-19

  Tout, si l’on y regarde bien, absolument tout ce qui s’est mis en place sous l’égide de la pandémie du Covid-19, et qui se met encore en place, est traversé par la peur. C’est elle qui est au centre du tourbillon de folie qui menace aujourd’hui l’équilibre économique et politique de la planète.

Les bonnes décisions comme les mauvaises, les tergiversations des scientifiques, les emballements médiatiques, les atermoiements des politiques comme les excès liberticides, les critiques justifiées comme les complotismes de tous acabits, les spéculations de Bigpharma, les aberrations du confinement, les hésitations sur les masques, les tentatives salutaires d’un Raoult, les résistances des officiels, la crise économique qui se profile, les espoirs d’un renouveau social et écologique autant que le spectre d’une deuxième vague, les kilomètres de vidéos sur le Net, alarmistes ou rassurantes, avec leurs millions de vues, tout cela découle d’un seul et même point d’origine : la peur du virus.

On ne saurait reprocher à personne d’avoir peur d’un virus : nul n’en connaît à l’avance les risques réels. Une pandémie peut faire des montagnes de morts et d’infirmes. La peste noire qui emporta entre le tiers et la moitié des Européens est encore dans les mémoires. De même le choléra et ses ravages à Londres au milieu du XIXe. Ou les 50 millions de victimes de la grippe espagnole, issue elle aussi de Chine puis revenue plus létale des USA. Les exemples ne manquent pas pour justifier une bonne dose d’angoisse lorsque survient un nouveau méchant microbe.

Puis ces peurs nourrissent la verve des journalistes. Leur métier est d’informer, ils se doivent de claironner les nouvelles. Celles qui effraient se vendent mieux que celles qui rassurent. Otages des lois du marché, ils sont sous le coup d’une concurrence impitoyable, sans parler de la pression des actionnaires. C’est en jouant sur les peurs rampantes qu’ils taillent leurs scoops et boostent leurs chiffres d’affaires. Ou simplement en extrayant de leur contexte les informations qu'ils jugent pertinentes, comme cela se fait en publiant une courbe d'évolution du nombre des contaminés, tout en négligeant d'indiquer les nombres de morts imputables aux grippes et autres maladies.

L’information « officielle » est ainsi soumise à une constante dérive, mais les informations « alternatives » n’en sont pas exemptes. Elles aussi, pour survivre, pour percer sur le Net et attirer l’attention, pour faire mousser le bouche à oreilles, doivent jouer sur les peurs viscérales. Les discours calmes et objectifs ne remuent pas les foules. Il faut dénoncer, amplifier, noircir, attiser pour emporter l’adhésion et gagner en audience.

C’est en disant aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre, ce qui satisfait le besoin de montrer du doigt les responsables, les artisans cachés du mal, qu’on multiplie les vues. Peu importe que les accusations soient vraies ou fausses, il faut aller dans le sens des angoisses et des haines latentes, mettre les esprits en ébullition pour rallier les émules.

Le processus n’est pas nécessairement délibéré, ni chez les tenants du système, ni chez les opposants. Il découle simplement des contradictions internes du paradigme social et médical tel qu’il est. On y trouve tout et son contraire et chacun se fixe sur les directions qui répondent à ses propres inclinations. Ainsi naissent les divergences d’opinions, les conflits intergroupes qui, au fil des ricochets, finissent pas se cristalliser en idéaux révolutionnaires et en crispations conservatrices.

Les intérêts financiers, l’exploitation des situations par les plus malins ou les mieux placés, les sentiments d’impuissance et d’injustice, les justifications fallacieuses, les menaces, les mesures coercitives, tout est là pour bétonner des situations inextricables. Les egos sont tant engagés de part et d’autre qu’on ne trouve plus la voie du milieu que devraient être la conciliation, le partage, et la reconnaissance honnête des erreurs ou des abus.

Ce discours de raison ne plaira ni aux officiels ni aux complotistes qui pullulent en ce moment. Voir les choses objectivement et reconnaître les erreurs respectives, plutôt que de porter des accusations faciles, a forcément quelque chose de frustrant. Prendre du recul exige de renoncer à cette espèce d’ENVIE DE CROIRE qui traverse les psychismes, corollaire immédiat de la PEUR. Dans un monde qui bouge trop vite, où l’on ne sait plus à quoi se raccrocher, où prolifèrent les sources d’angoisse, les croyances se font planches de salut, quelles qu’elles soient pourvu qu’elles nous rassurent par des allures de certitudes.

La vraie planche de salut serait au contraire un effort d’objectivité. Être objectif n’empêche pas de dénoncer les erreurs et les malveillances. Cela évite en revanche de confondre erreur et malveillance. Or, c’est le plus souvent cette confusion qui crée les conflits et les représailles. On la trouve à l’origine de toutes les guerres, comme dans les propagandes de vainqueurs. Elle rend toxique la vie de tous les jours, de la relation de couple aux relations internationales. Elle n’a jamais rien engendré de salutaire, mais n’en est pas moins omniprésente.

Il y a comme un besoin de prêter de mauvaises intentions. Cette tendance est à l’origine des pertes de confiance, des conflits d’opinion, des révolutions qui ont marqué l’histoire d’un sceau souvent plus sanguinaire que constructif. L’apparition de la notion de bouc émissaire remonte à l’Ancien Testament. Elle est très proche du grand leitmotiv « œil pour œil, dent pour dent » qui sous-tend notre culture, et que l’amour du prochain échoue à combattre. Elle est part intrinsèque de la névrose, conséquence de l’œdipe refoulé, où s’enracine l’image castratrice du tiers. On accuse a priori de malveillance, au lieu de chercher à comprendre l’erreur.

Il est pourtant possible de vivre autrement, d’essayer de communiquer plutôt que se complaire dans le jugement et dans la vengeance, que voir chez l’autre d’abord l’ennemi ou le prédateur. Tenter de comprendre, c’est aussi aider l’autre à discerner ses propres erreurs, à les regretter plutôt qu’à se rengorger dans l’auto-justification. En jugeant, on l’incite à camper sur ses positions, à se défausser de ses fautes, à s’enfoncer dans ses convictions. L’unique voie d’une entente sociale possible, à laquelle finalement chacun aspire en profondeur, exige de dépasser les peurs et les envies de croire, de renoncer à accuser, à condamner, pour réinstaurer plus d’humanisme, d’empathie, de solidarité, de mansuétude, de clémence.

On retrouve dans la tendance à voir le mal chez l’Autre le trait qui a enfanté par exemple au Moyen-âge la célèbre chasse aux sorcières. La diabolisation de l’autre a justifié toutes les exactions de l’histoire. Elle substantait déjà l’esprit de bravoure et de meurtre qui animait les Croisés. Elle traverse l’Ancien Testament comme elle traverse le Coran. Elle est le contrepoint de toutes les religions, elle se cache même derrière les décors de nos ambitions démocratiques. À chaque fois, elle fait qu’on se trompe d’ennemi.

Le cas des sorcières fut exemplaire : ces malheureuses femmes prises d’hystéries et d’hallucinations se virent condamnées pour avoir forniqué avec le Diable en personne. On leur en fit décrire, sous torture, les couleurs et les cornes. Il fallut des siècles pour s'apercevoir que leurs égarements n’étaient dus qu’à l’ergot de seigle, qu’on mélangeait par tradition aux farines lors de la confection du pain. C’est un stupide problème moléculaire, une dose massive d’acide lysergique, qui a généré ces drames inutiles et entaché notre histoire.

Coïncidence amusante : la diabolisation des virus est elle aussi conséquence de l’ignorance d’un problème moléculaire. Il ne s’agit pas cette fois d’une molécule unique, mais d’un désordre moléculaire général issu de la frénésie culinaire. Notre pain quotidien, l’ensemble de la nourriture transformée que l’on ingurgite tous les jours, est source d’une infinité de toxiques qui altèrent notre fonctionnement métabolique et immunitaire. Et personne ou presque ne le sait. La Science feint de l’ignorer, ou s’emploie à en minimiser l’importance.

Du coup, on accuse les virus de maux dont la cause véritable reste impénétrable. L’ignorance exacerbe les peurs. Lorsque survient une épidémie, les scientifiques se retrouvent en porte-à-faux et cherchent midi à quatorze heures. Les politiques sont pris en étau entre mesures laxistes et coercitives, qu’on leur reprochera quelles que soient leurs décisions. On cherche partout des boucs émissaires : la chauve-souris, le pangolin, une manipulation génétique, une conspiration vaccinaliste, une volonté de détruire l’humanité prêtée à d’obscures forces de l’ombre

Même lorsque les présumés coupables agissent en pleine lumière. L’exemple de Bill Gates mérite un instant d’attention. Le pire milliardaire de la terre disait en 2019 vouloir réduire la démographie mondiale de 10 à 15 % – grâce aux vaccins. Du coup, les esprits simplistes et complotistes en ont conclu qu’il entendait stériliser les gens en les vaccinant de force, avec, cerise sur son gâteau, les bénéfices rapportés par les montagnes d’actions qu’il a dans l’industrie pharmaceutique. Certains accidents vaccinaux, plus le mégaphone des Églises africaines, militant pour le respect de la vie, vinrent encore exalter la rumeur.

Du coup, l’ex-génie de Microsoft devint l’émissaire du Diable numéro un. Au bout d’un an, Internet aidant, ses ennemis se comptent par milliards. On ne peut plus objectiver la situation sans paraître diabolique à son tour. Tout comme on ne pouvait pas défendre les sorcières sans être suspect de connivence satanique.

Mais qu’en est-il réellement ? Si l’intention de l’inventeur de Windows, qui dispose manifestement d’un minimum d’intelligence, avait été de stériliser ses semblables pour mieux s’approprier la planète, il ne l’aurait pas clamé publiquement. Ç’aurait été digne du pire des imbéciles, et le Diable n’est justement pas stupide. La mode n’est pas à l’eugénisme ni à la stérilisation obligatoire, proposer un vaccin stérilisant eût été le moyen le plus sûr de se faire mettre au ban de la société. Ce qui est mauvais pour les affaires.

En réalité, Bill Gates disait tout autre chose – qui implique pour être appréhendé un peu plus de coût cognitif : que la planète est mise en danger par l’explosion démographique ; qu’il faut donc trouver un moyen pour freiner cette évolution fatale ; que l’amélioration des conditions de vie est connue pour faire baisser les taux de natalité, comme constaté dans les pays développés ; par conséquent, qu’en améliorant l’état de santé grâce aux vaccins, ce taux de natalité devrait baisser spontanément, notamment dans les pays sous-développés. Ce qui serait bon à la fois pour la planète et pour les gens.

Que penser des complotistes qui ont alors déformé la réalité, faisant du bonhomme le nouveau grand Satan décidé à sacrifier ses semblables pour se garantir égoïstement une planète habitable ? Ou bien leur QI est particulièrement bas, ou bien il est particulièrement élevé. Dans le premier cas, ils n’ont pas eu l’intelligence ou l’assiduité nécessaire pour lire correctement les informations et comprendre le raisonnement de l’informaticien. Dans le second cas, ils ont concocté une sinistre distorsion de l’information, en lançant sur le Net l’astucieux amalgame entre frein naturel à la démographie et vaccins stérilisants. Cela pour régler leurs comptes avec un système capitaliste effectivement désastreux ou, pourquoi pas, se tailler une petite part du même gâteau grâce aux revenus de vidéos à grande audience.

Il eût été plus juste de reprocher à Bill Gates de croire aveuglément à un système vaccinal dont les fondements théoriques sont aberrants et les effets sujets à caution. De lui conseiller de financer des recherches sur les fonctions biologiques des virus et sur les vertus de l’alimentation naturelle, plutôt que de financer des industries qui ne font qu’exploiter les croyances pour enrichir scandaleusement leurs actionnaires. Pour autant qu’il désirât vraiment le bien de la planète…

Il n’est pas forcément mauvais de dénoncer les éminences cachées ou les potentats maléfiques qui tenteraient de manipuler le monde dans des buts mercantiles ou impérialistes. La mystification s’installe à partir du moment où l’on accuse les exploiteurs d’avoir construit délibérément le système qui leur permet d’exploiter. Il ne faut pas confondre opportunisme et esclavagisme. Chaque patron, chaque boursier tente à son échelle de rendre son entreprise le plus rentable possible, même s’il en a déjà plein les poches. Ceux qui réussissent le mieux se retrouvent dans des situations pléthoriques qui peuvent leur faire perdre le sens des valeurs humaines. Ils ne l’ont pas forcément voulu au départ de leur ascension. Sont-ils les victimes, ou les artisans des aboutissements qui les ont marqués ?

Le système qui s’est installé sous la houlette des Lumières engendre automatiquement ces travers. Le matérialisme amène l’amour de l’argent. Et cet amour-là est source d’inégalités, d’enrichissements abusifs, de dérives de pouvoir, de jalousies, de méfiances, de conflits permanents, que l’on retrouve dans toutes les relations humaines et dans la vie politique. Il ne reste de l’amour du prochain qu’un vœu pieux. La concurrence, la compétition, les revendications occupent le devant de la scène. Lorsqu’on crée une entreprise, on ne pense que peu au bien que l’on pourrait faire, et beaucoup plus aux bénéfices escomptés.

Il n’en a pas toujours été ainsi. J’ai été frappé d’apprendre, alors que j’avais une quinzaine d’années, que l’Aga Kahn recevait autrefois à chacun de ses anniversaires rien moins que son pesant d’or. Le peuple accourait, et chacun mettait l’obole qu’il pouvait dans le plateau d’une énorme balance, jusqu’à soulever le souverain installé dans l’autre plateau. Ma première réaction : quel salaud d’exploiteur ! Puis en approfondissant cet étonnant rituel, je dus constater qu’il remontait à une culture où l’on confiait le maximum d’argent à celui qui était le plus capable d’amour et de justice. Une répartition sans doute plus efficace que son équivalent moderne qu’est le système capitaliste doublé de fiscalité.

Plutôt que se complaire dans un complotisme puéril, dans la recherche de présumés coupables, dans le plaisir de faire tomber les têtes des puissants, mieux vaut chercher les causes profondes qui ont amené notre société à s’enfermer dans les structures délétères dont nous sommes tous prisonniers, aussi bien les exploiteurs que les exploités.

Identifier ces causes renvoie essentiellement à la structuration psychique des individus, le fonctionnement social étant en quelque sorte l’intégrale des fonctionnements individuels. Et là, il y a un sacré travail de recherche à faire. Car, en fait, on ne sait pas vraiment d’où l’actuel imbroglio est sorti. On tente d’en retracer l’histoire, mais les causes premières, structurelles, du phénomène restent obscures.

Une chose est sûre : les accusations complotistes ne peuvent jamais être infirmées ni confirmées, du simple fait qu’elles présupposent que les acteurs du complot se cachent et restent inaccessibles aux enquêteurs. Et même lorsqu’on peut les désigner, leurs intentions sont a priori perçues comme secrètes, abjectes, donc d’autant plus inavouables et machiavéliques.

En science, une hypothèse qui ne peut être infirmée n’est pas considérée comme scientifique. Le grand épistémologiste Karl Popper fut le premier à savoir le dire. Une affirmation du type : « c’est le Diable qui a fait apparaître ce virus », est hors science, car c’est une assertion que rien ne permet de réfuter, le Diable étant censé pouvoir intervenir en tout lieu et tout instant, et agir sans que les hommes ne soient en mesure de percevoir son action.

Dire que « la pandémie du Cov-19 a été ourdie par des puissances de l’ombre dans le but d’imposer des mesures liberticides à l’humanité entière afin de mieux exploiter les consommateurs », est du même acabit. Rien ne permet de démontrer qu’une telle affirmation soit vraie ou fausse. Qu’un processus social allant dans ce sens risque de se produire est une chose certaine, on en observe les prémices. Mais prétendre qu’il a été délibérément calculé et mis en œuvre, reste une hypothèse indécidable.

Bien sûr, les complotistes collectionnent les probabilités, les coïncidences, les concomitances pour consolider leurs démonstrations. Ils ont beau jeu, car lorsqu’existe déjà dans le public une envie de croire, d’accuser des responsables, les cerveaux se contentent des moindres vraisemblances pour se convaincre de détenir la vérité.

On trouve le même processus à l’origine des erreurs judiciaires. Un accusateur quelconque désigne un coupable, soudain toute une avalanche de faits anodins se réinterprètent à sa charge, et l’on minimise ceux qui pourraient l’innocenter. Les soi-disant experts ajoutent leur touche au tableau, quelques témoins, médias à l’appui, suivent le mouvement et remodèlent leurs souvenirs en conséquence. Finalement, la présomption de culpabilité prend dans l’esprit des juges le pas sur toute tentative d’objectivité.

Je me souviens d’une anecdote qui me laisse un souvenir amer. J’avais acheté avec un ami, tout au début de mes recherches sur l’alimentation, un stock de céréales réputées biologiques chez un paysan du Gros-de-Vaud. Puis il s’est avéré que ces céréales avaient subi un traitement chimique. Mon ami en a fait un scandale, se lançant dans d’interminables catilinaires, vu l’importance qu’il accordait à la qualité des œufs que nous allions produire. Trois jours plus tard, la ferme de ce paysan était détruite par un incendie volontaire. J’ai aussitôt soupçonné cet ami d’avoir été le pyromane.

À force de nous « monter le bobéchon », ma femme et moi avons fini par nous convaincre mutuellement de sa culpabilité. Il y eut à Lausanne juste à ce moment une épidémie de pyromanie, toute une série d’incendies au rythme de deux ou trois par semaine, jusque dans la cave de ma belle-mère. Du coup, les moindres détails de comportement du présumé coupable, le fait qu’il roulait en Vespa avec un pot d’échappement silencieux, qu’il transportait un gros bidon de graines soi-disant comme réserve de pique-nique, mais dans lequel il aurait pu cacher une réserve de carburant, le fait surtout qu’il avait dans sa chambre une grande collection de boîtes d’allumettes en provenance de différents voyages, le fait qu’il partait de chez lui le soir et revenait très tard, refusant de nous dire où il était allé, tout cela a formé un fantastique faisceau de présomptions et nous étions totalement persuadés que nous avions affaire au pyromane auteur de toutes ces mises à feu.

Puis les enquêtes policières ont abouti aux vrais coupables et nous avons pu ravaler notre salive. En regrettant amèrement d’avoir ainsi gâché une amitié qui aurait pu être très constructive. La leçon a tout de même porté quelques fruits : elle nous a appris à être beaucoup plus prudents dans les déductions, à bien distinguer le vrai du vraisemblable, et à prendre un peu de recul par rapport à l’envie de croire. Chose précieuse que j’ai gardée en réserve, utile plus que jamais face aux délires en tous genres qu’on rencontre aujourd’hui sur le Net.

Ce sont de même toute une série de suspicions qui donnent envie de croire que le SRAS-Cov-2 aurait été fabriqué dans le fameux laboratoire de Wuhan : financé par l’Institut Pasteur, équipé en P4 pour les virus dangereux, avec à la clé un brevet déposé au sujet du SRAS-Cov-1, les Chinois avaient des raisons de fabriquer un vaccin ou, sait-on jamais, de concocter une arme de guerre, et comme ils ne disent jamais la vérité… le faisceau était en place pour déclencher l’énorme tsunami complotiste auquel nous assistons.

Il y a en fait deux tsunamis opposés : le premier est parti des informations venues de Chine, reprises par les médias qui y ont trouvé matière à scoops et nous ont angoissés à suivre jour par jour l’évolution de l’épidémie. L’emballement de l’opinion publique, voire les menaces de plaintes pénales contre des responsables jugés trop laxistes a aussitôt contraint le monde médical, l’OMS, les politiques à se positionner, à apporter des réponses sécurisantes, à prendre des décisions parfois extrêmes, dont le fameux confinement.

Puis face à ces décisions qu’une meilleure visibilité des effets du virus faisait apparaître comme excessives, toutes sortes de discours inverses se sont enflammés, accusant les gouvernements et leurs conseillers scientifiques d’être aux mains d’une élite secrète avide de vacciner toute la planète et d’en retirer des milliards de bénéfices, et du même coup d’imposer des mesures liberticides universelles pour mieux contrôler les individus et établir, à coup de puces microscopiques, une autorité absolue digne d’Orwell.

Il n’est pas question ici de décerner des couronnes d’épines ni de lauriers, ni de décider de qui a tort ou raison dans cet inextricable imbroglio. Nous pouvons en revanche faire un constat, dont personne ne semble avoir pris conscience jusqu’ici : toute cette tornade est sortie d’un seul vortex, la PEUR du virus.

C’est donc, en dernière analyse, la conception pastorienne de l’agent pathogène qui est à l’origine de l’enchevêtrement de conflits et de la catastrophe économique en cours. Si les populations avaient confiance dans la nature et les innombrables micro-organismes avec lesquels nous vivons en symbiose, rien ne se serait passé, sinon quelques mesures de prudence, analogues à celles que l’on peut prendre face à une grippe un peu carabinée.

 

De même pour la centaine de laboratoires qui se devaient de sauter sur l’aubaine pour fabriquer un vaccin salvateur. Opération juteuse fondée elle aussi sur la peur généralisée du virus. L’épidémie d’obligations vaccinales, qui semble gagner toutes les nations du monde, n’aurait aucune consistance si cette peur n’était pas majoritaire. La thèse pastorienne est en définitive un excellent fond de commerce, elle garantit une clientèle docile et inaliénable.

Il est vrai qu’un virus, dans le référentiel culinaire, peut être dangereux. J’ai pu mesurer le contraste avec le virus du sida : régression de tous les troubles opportunistes sous alimentation naturelle, et réapparition des mêmes troubles lors du retour à l’alimentation traditionnelle, puis leur évolution jusqu’à la mort à une époque où n’existaient pas les trithérapies. Le danger ne réside pas dans la présence du virus en soi, mais dans les réactions inflammatoires qui accompagnent son action.

Une meilleure connaissance du rapport fondamental entre pollution culinaire et tempête inflammatoire, hélas totalement ignoré par la médecine officielle, permettrait d’agir de manière à contrôler le Covid-19. Même chez les adeptes de l’alimentation transformée, une simple période d’alimentation naturelle dès contamination ou dès apparition des symptômes suffirait à réduire substantiellement la gravité de la maladie et les risques de létalité. Beaucoup mieux que ne le font les méthodes thérapeutiques actuelles. Et sans leurs effets secondaires !

Il faudrait, pour que cela se comprenne, que le monde médical renonce à ses propres envies de croire. Qu’il sorte du credo primitif de la peur du démon et de la potion magique, tel que le reproduit le rituel diagnostic-prescription. Nous croyons en la puissance d’une médecine scientifique, alors que l’approche analytique des fonctions et des troubles, ponctuée de formules chimiques et de termes savants, n’en donne qu’une vision extrêmement partielle pour ne pas dire illusoire. Les approches propres au chamanisme, aux médecines ayurvédique ou chinoise, n’étaient pas forcément moins efficientes. Encore que celles-ci, pas plus que nos prix Nobel, n’ont su se libérer du carcan des traditions culinaires.

Les premiers humains victimes de leurs improvisations culinaires n’ont certainement pas compris d’où provenaient les maux inattendus qui firent suite à leurs agapes. Le feu était paré de l’aura du sacré, insaisissable, puissant, évanescent. Lui confier la métamorphose des aliments ressortait d’une action magique dont il était difficile d’imaginer les malfaisances. Les ravissements sensoriels ont pu induire une forme de dévotion qu’on retrouve jusque dans la « gastronomie transcendante » d’un Brillat Savarin, et dans cet halo de fascination qui entoure nos restaurants trois étoiles.

L’art culinaire est l’un des piliers de notre modèle social et culturel. La médecine n’a pas encore su s’en libérer. Les chercheurs en sont prisonniers, comment expliquer autrement que les molécules de Maillard n’aient pas mobilisé leur attention, que l’acrylamide ait été si vite rangé au placard, et que les travaux révolutionnaire de l’équipe d’Helen Vlassara sur les AGE soient restés dans l’ombre depuis plus de vingt ans ? Et plus modestement, que ma propre action d’information ait ému si peu de monde en cinquante ans d’efforts permanents ?

Tout est pourtant sous la main pour que s’effectue enfin la prise de conscience de l’erreur culinaire. La biochimie, l’enzymologie, l’immunologie, la neurologie fournissent tous les éléments qui devraient réveiller les esprits. La notion de pollution culinaire découle immédiatement des connaissances actuelles. Et cette notion remet fondamentalement en cause celle de terrain, donc celle d’agent pathogène.

On parle certes de l’influence de l’alimentation sur le terrain. Mais on consigne là quelques vagues considérations telles les risques de carence, les éventuels déséquilibres, les excès de calories, les surcharges pondérales. On s’en remet à la diététique avec ses listes de composants présumés exhaustifs. Mais on répugne à prendre en compte l’infinité de molécules nocives produites lors de la préparation culinaire.

Les molécules de Maillard améliorent les saveurs, elles donnent entre autres le bon petit goût de grillé, on ne va pas les mettre au pilori. Surtout, on ne veut pas savoir qu’elles pourraient s’accumuler dans nos corps et produire une pollution biochimique bien pire quant à ses effets que la pollution chimique imputable aux pesticides de l’agro-industrie. C’est là aussi sans doute la peur qui paralyse les esprits : la peur de voir en face une erreur de civilisation et ses conséquences incommensurables.

Pourtant, le bon sens élémentaire, dont ont su s’inspirer Vlassara et son équipe, quasiment seuls parmi tous les chercheurs du monde, conduit immédiatement à la notion de pollution culinaire. Depuis un siècle, on sait que les molécules alimentaires subissent des transformations aléatoires sous l’effet de la chaleur ; que toutes sortes d’altérations des propriétés biochimiques des nutriments engendrent nécessairement une gamme incalculable de molécules nouvelles, qui n’ont jamais existé dans les aliments naturels ; et qu’une part de celles-ci ne seront pas dégradées correctement par les enzymes existantes.

Il eût aussitôt fallu changer le paradigme terrain-microbe. Une pollution moléculaire permanente, accumulée repas par repas tout au long de la vie appelle d’urgence une révision des raisonnements médicaux. Dans quelle mesure cette altération biochimique du terrain change-t-elle le cours des maladies ? Comment se déroule une infection virale ou bactérienne en présence vs en l’absence d’une telle pollution ? Comment ces molécules aléatoires peuvent-elles interférer avec les mécanismes biologiques, les perturber, les bloquer, les dévoyer, les emballer ?

Le pouvoir médical se targue d’être responsable de la santé des citoyens. Il serait de son devoir de tirer les choses au clair. Les petits et grands responsables préfèrent pousser la roulotte, creuser les ornières, conforter les stéréotypes en vigueur. Aucun ou presque n’a jamais eu le cran nécessaire pour faire le lien entre présence de molécules étrangères et apparente pathogénicité des virus et bactéries. Le mettre au grand jour eût été désavouer des générations de recherches médicales mal emmanchées, irriter les pairs pour ne l’avoir pas vu eux-mêmes, risquer les quolibets des grands pontifes et la mise au ban du consensus général. Helen Vlassara elle-même se doit de prendre toutes les précautions de langage pour éviter d’attaquer trop frontalement les intérêts qui pourraient se trouver lésés.

L’exemple du Docteur Jean Seignalet est éloquent. Pour avoir entrepris des recherches non conventionnelles sur la polyarthtite rhumatoïde, fondées sur mon hypothèse de troubles immunitaires induits par la présence de molécules étrangères issues du blé et du lait, il a perdu l’accès aux grandes revues dans lesquelles il publiait précédemment, et l’Ordre des médecins lui a fait tous les ennuis possibles. Ses pairs sont allés jusqu’à prétendre que le cancer du pancréas dont il est décédé en 2003 était dû à son régime, alors qu’il ne le pratiquait pas lui-même.

C’est donc tout un establishment d’une puissance colossale qui s’est construit autour des stéréotypes pastoriens et des peurs populaires qu’ils ont incarnées. Mais l’édifice ne doit son apparente puissance qu’à ces peurs rampantes. La machine infernale a mieux que jamais montré ses limites face à l’actuelle pandémie, et partout des voix s’élèvent contre l’aberration des moyens mis en œuvre.

Pour sortir de l’impasse, il faudrait que les protestations se dirigent non pas contre ces moyens, confinement, distanciations, vaccins, mais qu’elles dénoncent l’erreur médicale fondamentale qui sous-tend l’ensemble de la conjoncture actuelle. Que l’on sorte de la peur moyenâgeuse du virus démoniaque, pour comprendre qu’il y a maldonne, et que ces empaquetages nanométriques de gènes ont une fonction biologique essentielle.

La métamorphose pourrait se produire en deux étapes : d’abord prendre conscience de l’existence d’une pollution culinaire des organismes. Puis de la fonction dépolluante des virus courants. La compréhension de la raison d’être des symptômes est de nature à désamorcer la peur de la maladie sur les deux tableaux : en fournissant non seulement une explication aux phénomènes, mais en apportant le moyen le plus fondamental de les contrôler, par une simple correction de l’hygiène alimentaire.

À cet effet salvateur s’ajoute un autre élément : comprendre que les bases neurologiques de la peur sont elles-mêmes altérées par la pollution culinaire. Les peurs ressenties sont anormalement amplifiées par les molécules neurotoxiques apportées par l’alimentation traditionnelle.

On parle en psychopathologie d’automatismes mentaux. Il se produit entre les neurones, ou entre les centres cérébraux, des phénomènes d’auto-excitation, que l’on pourrait comparer à l’effet Larsen. La réaction à un stimulus a tendance à s’auto-entretenir, ou à s’auto-amplifier, de sorte que le sentiment de peur se prolonge et s’emballe anormalement. Ce qui devrait rester une crainte bien proportionnée en fonction du danger perçu, prend une dimension démesurée qui finit par être déstabilisante voire traumatisante.

L’expérience de l’alimentation pro-génétique à long terme permet de mesurer l’importance que ce phénomène cérébral peut prendre dans le contexte alimentaire traditionnel. Sous l’effet de l’auto-excitation cérébrale, chaque situation incertaine, chaque menace, chaque déconvenue revêt une prégnance excessive et s’implante trop profondément dans le champ émotionnel. Ce que les craintes justement proportionnées pourraient apporter de constructif se transforme en sources d’angoisse et de destructivité durable.

Il en va de même de l’envie de croire. Le niveau d’angoisse étant excessif, le besoin de sécurisation s’amplifie et induit un surinvestissement dans toutes les croyances rassurantes. L’équilibre normal entre croyance et esprit critique bascule dans une adhésion inconditionnelle, qui risque à chaque instant d’inciter à des prises de décision inopportunes. On se fixe sur des idées et des discours, par besoin de contrer les angoisses conscientes ou inconscientes, il devient difficile, parfois même impossible de prendre le recul nécessaire à une saine objectivité.

Cet aspect neurologique des sentiments de peur et de l’envie de croire explique en partie les emballements face au danger, pourtant très relatif, que représente une pandémie comme celle du SRAS-cov-19. Les cerveaux réagissent excessivement aux informations transmises par les médias, concluent à partir de quelques recoupements à la véracité, la peur est contagieuse et empêche de raisonner.

Puis quelques esprits enclins davantage au rejet des croyances et des contraintes sociales, s’emballent à leur tour et développent des contre-arguments auxquels ils s’identifient eux aussi exagérément. Ainsi se créent des fossés infranchissables entre les croyances officielles et diverses contre-croyances, comme c’est actuellement le cas entre les opinions orthodoxes face au coronavirus et les théories complotistes. Rares sont ceux qui conservent le sens de la juste mesure face l’imbroglio conflictuel qui fait rage sur les réseaux.

Il en est heureusement quelques uns, comme l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel, qui tiennent des discours raisonnables. Un certain nombre de personnes y sont sensibles, mais l’objectivité enflamme moins facilement les foules que les discours fondés sur la peur et l’envie de croire. Les esprits sensés doivent ainsi se contenter d’une audience minoritaire.

Ce qui affaiblit les argumentations qui se veulent objectives, c’est la méconnaissance actuelle du processus viral. Aussi longtemps que le virus est considéré comme un ennemi contre lequel l’organisme doit se défendre, les réflexes de peur sont activés. Une capacité de défense peut être insuffisante, et comme on ne sait pas exactement ce qui la détermine ni comment la renforcer, on se trouve inévitablement dans une situation anxiogène.

En conclusion, il apparaît clairement que la peur du virus est le point de départ de l’actuel imbroglio ; que cette peur repose sur la conception biaisée de l’agent pathogène héritée de Pasteur ; que la foi dans les vaccins découle de cette fausse conception ; que cette conception découle elle-même de l’ignorance de la pollution culinaire ; que cette ignorance prive la médecine actuelle de la seule thérapie de fond que serait une correction de l’hygiène alimentaire.

Et sur le plan pratique, que le meilleur moyen de se prévenir du danger qu’un virus peut représenter pour un organisme sujet à la pollution culinaire consiste à adopter au plus vite une alimentation pro-génétique.

 

 

NB : Notre conférence en ligne est maintenant disponible sur ce lien :

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