Instinctothérapie, le pavé dans la mare
Combien de fois ai-je entendu dire : « Avec votre instinctothérapie, vous mettez tout sur le compte de l’alimentation et vous oubliez le reste… »
Eh bien non ! L’instinctothérapie, c’est l’art d’utiliser l’instinct pour guérir. Mais pas seulement l’instinct alimentaire : tous les instincts propres à l’être humain. Et pas seulement pour guérir les maladies physiques, mais également les troubles psychiques. Garantir la santé du corps et celle de l’esprit.
Cela s'étend même au plan sociétal : comprendre d’abord quels sont les facteurs qui font que la société se développe sur un mode contraire aux instincts fondamentaux, puis définir un modèle de société qui leur soit conforme et permette leur saine expression.
Il faut pour commencer distinguer deux grands versants de l’instinctothérapie : celui qui concerne l’instinct alimentaire avec ses nombreuses composantes sensorielles et psychiques ; et celui qui concerne l’instinct amoureux avec tous les traits complexes qui lui sont associés. En tant que thérapie par l’instinct, l’instinctothérapie s’appuie d’un côté sur l’anopsologie, science des comportements alimentaires dans un contexte alimentaire originel, de l’autre sur la métapsychanalyse, qui décrit les comportements amoureux et sexuels conformes aux lois naturelles de l’amour.
J’entends d’emblée les objections : vous encensez l’instinct, qui est ce que nous avons en commun avec l’animal, donc ce qu’il y a de plus bas dans notre psychisme ! Alors que l’intelligence, qui nous en distingue, nous confère une nette supériorité et permet justement de contrôler les instincts. Vous allez simplement ramener l’être humain à la plus basse animalité !
Tendance innée et impulsion intérieure
Tout dépend de ce qu’on appelle « instincts ». Que nous en dit le CNRTL : « Tendance innée, à l’origine de certaines activités élémentaires automatiques de l’homme » ; sous la rubrique psychanalyse : « Forces hypothétiques qui agissent à l’arrière-plan du ça et représentent dans le fonctionnement de l’organisme les exigences d’ordre somatique » ; et de manière plus générale : « Impulsion intérieure indépendante de la réflexion qui détermine les sentiments, les jugements, les actes d’une personne ».
La notion d’instinct ne nous ramène donc pas en soi à l’animalité. Lui rendre sa juste place consiste au contraire à reconnaître toute la différence qu’il y a entre les instincts animaux et les instincts que l’on pourrait qualifier de supérieurs, propres à la nature humaine. Les respecter revient à se libérer du joug de la culture, là où celle-ci nous contraint à refouler nos pulsions naturelles et, notamment, à redécouvrir leur complexité et leur harmonie structurelle.
Les lois de l’évolution qui ont déterminé une complexification croissante des psychismes jusqu’à celui de l’être humain, ont toujours été caractérisées par l’harmonisation des fonctions. Cette orientation vers la perfection découle des simples lois de la sélection naturelle. Ce qui est imparfait finit par s’éliminer au profit de ce qui est plus performant. À long terme, c’est la plus grande perfection qui garantit la meilleure efficacité. Il serait étonnant et décevant que cette orientation vers le haut n’ait pas joué dans le sens d’un perfectionnement des instincts dans le passage de l’animal à l’être humain.
Nous savons tous par introspection qu’il existe en nous des pulsions, des forces spontanées qui nous poussent à agir, d’une manière parfois contraire à nos représentations ou nos intentions délibérées. Nous savons aussi qu’il est parfois douloureux de les réprimer, alors même que c’est nécessaire pour des raisons de société, de morale, de convenance, ou par égard pour l’Autre. Comme le montre la psychanalyse, la répression, pourtant conforme à la bonne morale, de certaines pulsions peut produire des refoulements pathogènes, sources de frustrations, de névroses et autres graves dysfonctionnements.
Chercher la cause de la contradiction
Face à cette situation, il me semble que la réaction la plus saine consiste à se demander où se situe la cause de la contradiction. Faut-il admettre que les facteurs pathogènes sont liés aux instincts eux-mêmes, ou plutôt à certaines erreurs dans notre manière de les appréhender ? ou dans les contraintes, interdits et obligations propres à la culture et à la morale ? Déclarer d’emblée que les instincts sont mauvais, qu’ils témoignent d’un sous-développement, ou encore de contradictions internes, revient à faire l’impasse sur cette question fondamentale.
Lorsqu’un arbre pousse mal, on ne va pas accuser d’abord sa nature propre. Bien sûr qu’il est possible que la mauvaise croissance soit due à un défaut génétique, mais bien d’autres facteurs peuvent être intervenus : le manque d’arrosage, la pauvreté de la terre, un manque ou un excès de lumière etc. Avant d’accuser la nature de l’arbre, il faut donc avoir fait le tour de tous les facteurs susceptibles d’influencer sa croissance.
Il en va exactement de même pour l’homme et ses instincts : la présence de bas instincts, de pulsions agressives, destructives, perverses pourrait être due à une imperfection de la nature humaine. Mais elle peut aussi être due à un conditionnement inapproprié, à un développement inadéquat du psychisme, sous l’influence d’un contexte social et culturel inapproprié. Après plus d’un siècle de psychanalyse et de psychologie développementale, c’est là une évidence dont sont pénétrés tous les esprits.
D’où est alors provenue cette espèce de mode qui a voulu voir dans les instincts uniquement de « bas instincts » ? Au point que, dans les débuts de l’instinctothérapie et à ma grande surprise, on me reprochait d’utiliser ce terme car il aurait évoqué les zones d’ombre de la nature humaine. Il aurait garanti d’emblée le discrédit de la méthode.
L'instinct, stigmatisé
Une telle stigmatisation de l’instinct doit avoir une cause bien précise. Il faut notamment prendre en compte l’aspect historique des choses : Freud, tout au début du XXe, présentait sa psychanalyse comme une « théorie des instincts ». À l’époque, le terme était neutre.
Deux générations plus tard, Konrad Lorenz faisait de la notion d’instinct l’un des fondements de son approche éthologique, il définissait par exemple les notions de programme instinctif (ensemble de pulsions visant le même but et s’enchaînant dans le temps), la notion de période sensible (les oisons fixent comme celle de leur mère l’image de l’oie qu’ils voient au troisième jour même s’ils voient une oie en carton), etc. Malheureusement, il tomba en discrédit suite à certaines accointances avec le troisième Reich. Du coup, l’instinct fut l’objet d’un tabou. On n’osa plus en parler dans le monde scientifique pendant des décennies.
Le discrédit dont Freud fut plus récemment l’objet sous le tir serré des pontifes du cognitivisme n’a pas arrangé les choses. Quoique j’observe dans le langage populaire, une lente réhabilitation de l’instinct. Il pourrait difficilement en être autrement, car on ne peut pas faire l’impasse sur cet aspect essentiel de la Vie. Il faudra bien que les scientifiques fassent un jour leur mea culpa.
Je ne me fais donc guère de souci pour l’avenir. L’association instinct + thérapie, malgré ses allures de pavé dans la mare, finira nécessairement par trouver sa place.
La question est aussi de bien délimiter la notion d’instinct. Le psychisme humain est extrêmement complexe (comme le psychisme s’évalue lui-même, il ne peut que se trouver complexe : tout est relatif !). Distinguer entre des instincts bas d’origine et de bas instincts induits par des éléments dégradants d’ordre culturel n’est pas facile. Comment peut-on faire la différence ?
Comparer les cultures
Un moyen est de comparer des cultures différentes, caractérisées par des morales différentes, et de comparer les comportements instinctifs dans les unes et les autres. On bute là sur le problème central de l’anthropologie : l’anthropologue a tendance à ne voir que les éléments qui sont en accord avec sa propre culture, et les autochtones qu’il interroge tendance à ne lui dire que ce qu’il a envie d’entendre. Puis il livre une synthèse des données recueillies, qui s’opère en accord avec ses propres paradigmes. Il ne pourrait guère faire autrement, au risque de se faire stigmatiser par ses pairs. Il faut donc prendre toutes les données anthropologiques avec une extrême prudence, et les déchiffrer à travers un prisme correcteur.
Un exemple intéressant : le cas de Lévy-Bruhl, l’un des fondateurs de l’anthropologie française. Un de ses principaux développements fut celui de la « participation mystique ». Belle preuve d’objectivité que d’avoir su reconnaître dans le fonctionnement psychique des Primitifs une relation différente à la réalité. Selon lui, le Primitif regarde la réalité avec un esprit mythique, il mélange l’expérience sensible, semblable à la nôtre, avec la croyance en une réalité suprasensible et insaisissable par les sens ordinaires. Il ressent une participation mystique avec les êtres qui l’entourent, sans pour autant la conceptualiser.
Avec ce que j’ai moi-même d’expérience de l’extrasensoriel, je ne peux que lui donner raison. Il faut féliciter Lévy-Bruhl d’avoir su distinguer chez ces autochtones un fonctionnement sur lequel notre culture fait une totale impasse. Il lui a fallu beaucoup d’objectivité, de sensibilité, d’ouverture d’esprit, de remise en question personnelle.
La "participation mystique" de Lévi-Bruhl
Ce qui n’empêche pas qu’à la fin de sa vie, il ait dû faire piètrement marche arrière afin de rentrer dans la droite ligne des savoirs institutionnels. Il a finalement ramené la participation mystique à un simple désintérêt pour les causes matérielles au profit d’hypothétiques causes surnaturelles, et non à un type de fonctionnement psychique différent. Ses critiques d’aujourd’hui lui rendent grâce d’avoir su « s’excuser sincèrement des préjugés racistes de ses premiers ouvrages »… Ainsi ses observations, pourtant essentielles quant à l’invalidité du paradigme matérialiste, ont été noyées dans l’oubli.
On ne peut pas attendre grand-chose des scientifiques « officiels » lorsqu’il s’agit d’analyser la notion d’instinct, sachant que les instincts peuvent être en rapport, comme toute autre fonction psychique, avec une dimension métapsychique ne répondant pas aux lois de la matière.
L’existence d’une telle dimension ne fait pour moi plus aucun doute. Et diable si ma formation de physicien m’a blindé contre les observations biaisées et les conclusions hâtives. J’ai maintenant bien 50 ans d’observations du paranormal, sur moi-même et sur environ 80 personnes ayant acquis leur don de voyance dans le cadre de la métapsychanalyse. Je peux estimer le nombre de phénomènes observés à plus de cent mille, les modalités de fonctionnement sont les mêmes d’un sensitif à un autre. Il est clair qu’il s’agit d’un phénomène vérifiable et reproductible, au même titre que n’importe quel phénomène pris en compte par la physique ou la biologie. Bien d’autres recoupements vont dans ce sens. Simplement, ce fonctionnement est bloqué dans notre type de culture.
Nouvelle ancienne dimension à l'épreuve
Pour ceux qui ne peuvent y croire, comme je ne pouvais y croire avant cette avalanche d’expériences, une petite anecdote : chaque semaine, nous achetons 7 noix de coco dans un grand magasin de Lagos. J’en bois une par jour dans un but d’hydratation, importante à mon âge. La qualité de conservation laisse cependant à désirer, une ou deux noix sur trois est fermentée déjà en rayon. Cela tient à l’absence de conservant chimique, bonne chose en soi, mais il fallait jeter la moitié ou les deux tiers de la marchandise. J’ai donc demandé au dernier nouveau médium d’interroger ses visions. Comme il ne peut pas être présent sur place, la personne effectuant l’achat a simplement procédé par téléphone, et demandé pour chaque noix tirée du rayon si elle était bonne ou gâtée. Il a vu régulièrement soit une paille blanche, soit une paille noire. Et depuis plusieurs semaines maintenant, je n’ai plus trouvé une seule noix fermentée dans celles qui avaient reçu le sceau de la paille blanche. Une contre-expérience vient encore de confirmer la pertinence de ces visions : une noix-paille noire a été achetée hier à titre de contrôle en plus de 10 noix-paille blanche. Effectivement, lorsque je l’ai ouverte à ce repas de midi, elle s’est avérée inconsommable. Ce n’est certes qu’un petit exemple parmi des milliers, mais difficile d’invoquer le hasard dans ce genre d’expériences : si une noix sur deux est gâtée, il y a une chance sur 27 , soit une chance sur 128 pour qu’aucune des noix achetées ne soit gâtée. Et comme la chose se prolonge maintenant depuis trois semaines, le nombre de chances que cette sélection soit due au hasard est de 1/221 = une chance sur plus de deux millions ! Bien des lois scientifiques s’appuient sur des significativités bien moindres.
Bref : à cette carence notoire de la grille de déchiffrage matérialiste s’ajoute un autre biais d’importance majeure : l’alimentation dénaturée fait passer dans l’organisme des myriades de molécules non originelles, que ni notre métabolisme ni notre système immunitaire ne sont génétiquement capables de dégrader. Certaines de ces molécules excitent anormalement le système nerveux central. La différence est facile à observer entre le fonctionnement psychique sous instincto et ce qu’il est dans le contexte alimentaire traditionnel.
Instinct et excitation endogène
On constate notamment que les pulsions instinctives les plus rudimentaires sont les plus réactives à cette excitation endogène. Il se produit dès lors une désorganisation des différents instincts, caractérisée par un emballement des instincts les plus animaux, notamment des pulsions agressives et sexuelles. Les pulsions « négatives » comme l’impatience, l’intolérance, la possessivité, la domination, la jalousie, la vengeance, prennent le pas sur leurs contraires. Les motions que l’on range dans les « vertus » sont submergées par toutes sortes de poussées destructives. L’impression qui se dégage est alors que les instincts humains seraient empreints des instincts animaux les plus bas et violents, et que seule une maîtrise de soi délibérée ou une pression morale suffisante sont à même de les juguler.
C’est en fait une question de référentiel : dans le contexte culinaire, l’homme apparaît pétri de bas instincts et doit sa supériorité à la force morale et intellectuelle qui lui permet de les contrôler afin de garantir une vie sociale aussi harmonieuse que possible. Dans un contexte originel, sans excitation parasite d’origine alimentaire, le tableau est tout à fait différent : on constate que l’ensemble de l’appareil pulsionnel est organisé de manière extrêmement subtile et équilibrée. Les pulsions agressives n’apparaissent que lorsque certaines erreurs sont commises ou imposées en désaccord avec les lois naturelles de la relation sociale ou amoureuse. Les pulsions sexuelles elles-même perdent leur caractère obsessif, se mettent au service de l’amour sans exigence de sexe pour le sexe. Mieux vaudrait dire qu’elles se mettent au service de l’énergie métapsychique censée s’échanger et se multiplier dans les relations physiques naturelles, que l’on ressent sous forme de magie amoureuse.
On s’aperçoit que la patience, la tolérance, le pardon, l’empathie, la joie de donner et de partager, le besoin de justice, sont des composantes essentielles de l’appareil pulsionnel. Contrairement à ce qu’on croit généralement, point n’est besoin d’un carcan de morale ou de maîtrise de soi pour qu’elles puissent accomplir leur fonction. En d’autres termes, les « vertus » sont partie intégrante des instincts humains.
Voilà qui donne une image très différente de la nature humaine. Les psychologues, philosophes, anthropologues et autres spécialistes devront un jour revoir leur copie.
Vertus et instincts humains
Ce à quoi s’ajoute encore un autre fait d’importance : lorsque la perception extrasensorielle se développe selon les lois naturelles, les pulsions instinctives fonctionnent en relation étroite avec la dimension métapsychique. Les « schémas déclencheurs » externes, tels que les définissait Lorenz, ne sont plus les seuls déclencheurs, et l’auto-contrôle induit par la morale plus le seul modérateur. Ce sont des facteurs plus subtils, de même ordre que l’intuition, la créativité, ou la voyance, qui interviennent pour réguler et harmoniser les différentes pulsions, et cela non seulement à l’intérieur du psychisme individuel, mais en tenant compte des différents individus directement ou indirectement engagés dans une relation, même s’ils sont absents !
Il est difficile de se représenter cette forme de fonctionnement, tant elle est rare dans les conditions d’existence courantes. Lévy-Bruhl a eu la chance de pouvoir observer des Primitifs encore assez proches d’une vie et d’une alimentation naturelle pour disposer d’un fonctionnement psychique et métapsychique non perturbé. C’est pourquoi la notion de participation mystique lui est apparue comme une caractéristique intégrante de l’état de nature. Cela l’a mis en fin de compte dans une situation difficile, car son discours n’a pas pu être compris par des confrères qui ne disposaient pour juger que des références propres à notre culture rationnelle et à notre alimentation traditionnelle. Il n’a pu sauver sa chair d’anthropologie qu’au prix d’un douloureux autodafé.
Ces quelques éléments permettent de mieux comprendre que la notion d’instincto-thérapie au sens large puisse recouvrir tous les aspects de la nature humaine. Elle prend une dimension qui dépasse de loin les soucis de santé physique et psychique : elle apparaît plutôt comme la voie royale vers les retrouvailles avec l’accomplissement existentiel tel que la Création l’avait prévu pour l’être humain. Et sachant le rôle clé des instincts amoureux et sexuels dans l’acquisition des facultés métapsychiques : comme la voie naturelle vers un accomplissement spirituel authentique.