Jérôme Bosch, mort il y a tout juste cinq cents ans, nous a laissé l’une des œuvres les plus énigmatiques de l’histoire de la peinture : le Jardin des Délices n’a encore révélé ses secrets à aucun des innombrables exégètes qui s’y sont essayés. L’énigme semble toutefois résolue grâce à la démarche révolutionnaire d’un chercheur indépendant : Guy-Claude Burger, s’inspirant de son propre vécu, nous fait découvrir jusque dans les motifs les plus déconcertants des plus grands triptyques du peintre flamand des significations étonnamment cohérentes. Bosch aurait ainsi légué à la postérité, jusqu’à notre monde moderne voué aux crises sociales et écologiques, les clés d’un futur inespéré...

 

 

 

S Y N O P S I S

 

La clé du mystère ? Elle était là, au centre de l’avant-plan du panneau central : un chardon stylisé déploie deux feuilles effilées, l’une en direction du couple enfermé dans une moule, qu’un portefaix transporte vers un ananas flottant. Sur l’ananas, une bulle représente une poche amniotique, où l’homme se soucie de sa femme en début de grossesse, pâle et défaite. L’autre feuille désigne une pêche flottante abritant un couple rayonnant. L’homme présente une mûre géante à tout un groupe de personnes affamées. Entre la mûre et la poche amniotique, les jambes en Y d’un homme renversé nous indique que notre libre arbitre nous permet de choisir entre deux voies que nous offre l’amour : celle de la procréation, et une forme d’amour plus subtile qui permet de générer une énergie supérieure, capable de nourrir les âmes en mal de nourriture. Bosch y ajoute encore un détail : une jambe, que nul exégète n’a remarquée, dépasse de la pêche. Une troisième personne est donc cachée à côté du couple, tout comme trois personnes sont réunies dans le chardon, alors que dans la moule, on reconnaît sans équivoque un couple d’amants. La différence entre les deux formes d’amour serait que l’une se vit à deux, alors que l’autre exige une ouverture des sentiments vers les autres. Cette question délicate est imagée juste au-dessus de la mûre : à côté d’un couple évoquant la volonté de posséder la femme, un tiers fait naufrage dans un tonneau. En termes clairs, l’amour possessif engendre inévitablement la séparation et la souffrance.

 

Quelle est alors la fonction naturelle de cet amour non voué à la procréation ? La réponse se trouve au centre exact du panneau de gauche : au centre du Paradis, dans un iris géant, une chouette ouvre ses  grands yeux dorés. On la retrouve dans le panneau central au point d'arrivée d'un grand cortège équestre évoquant les relations amoureuses, clairement désignée par le premier cavalier. Ses ailes naissantes sont encore celles d’un oisillon, à peine sorti de l’œuf. Sachant que la chouette est l’oiseau par excellence qui sait voir dans la nuit, elle représente ici les facultés extrasensorielles, dont la principale est la voyance. Bosch nous révèle ainsi qu'une certaine forme d'amour, obéissant aux règles qu’il détaille dans le panneau central, aboutit au développement des facultés paranormales, et en même temps, que celles-ci jouent un rôle central dans l’état originel de l’être humain. Cette explication rejoint les écrits de Platon, pour qui existent également deux Éros, dont l’un sert à la reproduction, et l’autre à faire « pousser les ailes de l’âme ». Elle rejoint aussi les expériences peu communes que l’auteur décrit dans la partie autobiographique de l’ouvrage. Les aboutissants spirituels de l’Éros sacré sont soulignés par les grands rochers de l’arrière-plan qui s'élancent vers le ciel. Les motifs du panneau central, groupes de nus très érotiques bien qu’innocents, constituent une véritable initiation aux lois naturelles de l’amour.

                                                                 

L'échec de cette forme d'amour conduit en revanche aux difficultés du couple et aux vicissitudes de la vie sociale décrites dans le panneau de droite. Selon Bosch, l'existence terrestre devient un enfer par la faute de la morale religieuse qui condamne cette forme d'Éros à l’échec. Personne n’échappe dès lors à la souffrance et au vide intérieur. La culture se réduit à une vaine sublimation, censée compenser la frustration permanente. L'individu, privé de facultés extrasensorielles et victime de ses obsessions sexuelles, se fait finalement engloutir par un engoulevent géant assis sur une chaise percée, qui le rejette dans les eaux infernales sans qu'il n'ait connu aucune évolution spirituelle.

 

Les explications circonstanciées données par l'auteur se lisent agréablement, illustrées chacune par la reproduction du motif pictural évoqué. Il se dégage de cet ouvrage le sentiment d'une grande révélation, magistralement dépeinte et cryptée grâce au génie de Bosch, et fondamentale pour le destin de l'humanité. Restée hermétique durant cinq cents ans, on ne peut que s'étonner de la voir si simplement expliquée et mise à la portée de chacun. 

 

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